Bilan d’un mois en école d’ingénieurs

Des élèves suivant un cours
Ed Brambley (CC BY-SA 2.0)

C’était il y a un mois quasi jour pour jour. Le lundi 1er septembre 2014 j’étais arraché de force à deux longs mois de farniente au soleil pour rejoindre la froide Picardie. Un gros rhume, 678 mouchoirs, 2 paquets d’Aspirine et 4 sirops contre la toux plus tard, voici venue l’heure de dresser un bilan en 4 points de ce premier mois en école d’ingénieurs.

Je vous épargnerai la description du climat compiégnois, mais sachez simplement que depuis mon arrivée l’expression « brouillard à couper au couteau » a enfin pris tout son sens.

1-      L’acclimatation à une nouvelle vie

C’est un IMMENSE choc que de se retrouver tout seul pour quelqu’un qui, comme moi, a toujours habité chez ses parents. Non pas que je vivais avant comme un pacha se faisant servir tous les soirs, loin de là, mais désormais il faut s’occuper de TOUT soi-même. Des courses aux démarches administratives en passant par la vaisselle (une grande histoire d’amour la vaisselle……) tout prend une dimension différente lorsque l’on vit seul dans une chambre étudiante. Il paraît que l’on appelle ça « l’apprentissage de l’autonomie »…

Mais l’acclimatation ne se fait pas dans le seul cadre de son appartement. Il faut également dompter les nouveaux locaux qui nous accueillent. Passé le choc des premiers jours face à la taille assez impressionnante de l’école, on se fait vite à son organisation. Je n’aurai donc pas besoin d’un GPS pour me repérer dans l’établissement même s’il m’arrive encore régulièrement de me tromper d’étage, de couloir voire de salle…

2-      Les premières évaluations

Cette année, en quittant la prépa, j’ai dit adieu aux D.S (devoirs surveillés) hebdomadaires. Mais voilà, après un mois, c’est déjà l’heure des premières évaluations… Je ne fais pas partie de ceux qui auront à affronter cette vague d’examens car j’étudie au sein d’un cursus particulier de l’école (j’aurai l’occasion de revenir dessus dans un prochain post). Cependant, la majorité de mes camarades va subir cette semaine les premiers médians (examens de mi-parcours). Et les joyeusetés débuteront avec une épreuve de mathématiques unanimement redoutée.

Pour tous ceux qui sont restés dans l’esprit intégration, voire pire, l’esprit vacances, le retour à la réalité risque d’être extrêmement brutal.

Mais de mon côté ce n’est que partie remise car, dans un mois, j’affronterai moi-même mes premiers « médians ». Au programme des festivités : mathématiques, informatique et logique. Une certitude : la semaine de « vacances » précédant ces réjouissances risque de ne pas être de tout repos…

3-      La dose de travail

Il y a une sorte de légende urbaine qui court et qui voudrait que pour quelqu’un sortant de classe préparatoire, l’entrée en école d’ingénieurs est un chemin pavé de roses. Certains parlent même d’une forme de relâchement et d’une sensation de vide dans le travail. Cela vaut peut-être pour ceux suivant la voie classique « 2 ans de prépa + concours + école d’ingé » (et encore, j’en doute…).

De mon côté, malgré mon année de maths sup MPSI, je suis très loin de la glandouille festive. Oui, c’est vrai, il y a nettement moins de pression que l’an dernier. Pour autant, ma cadence de travail n’a pas diminué, bien au contraire. Je suis de ceux qui, lorsqu’on leur offre une liberté toute relative, ont tendance à redouter le prix à payer en échange….

4-      Et ma perception du « métier » d’ingénieur ?

Dans mon premier billet, j’évoquais ma difficulté à définir ce qu’était un ingénieur malgré une année de classe préparatoire scientifique. Il faut dire que le mode d’enseignement en prépa ne laisse pas tellement de place pour une réflexion sur notre devenir…

Aujourd’hui, contrairement à bon nombre de commentateurs du premier billet, je suis encore loin de pouvoir formuler clairement ce qu’est le quotidien d’un ingénieur. Cependant, mes perspectives sont en train de se dégager et petit à petit je commence à saisir ce vers quoi je me dirige.

En un mois, j’ai sans doute plus appris sur l’ingénierie qu’en une année de classe préparatoire. Non, l’ingénieur n’est pas seulement un individu sachant calculer des intégrales triples ou équilibrer des équations chimiques le plus rapidement possible comme la prépa aurait pu me laisser penser.

En école d’ingénieurs, l’accent est mis sur la compréhension notre futur métier. Dans les cours de langue, par exemple, nous faisons des simulations d’entretiens d’embauche et rédigeons CV et lettres de motivation en langue étrangère. Le monde industriel est également extrêmement présent à travers des salons et des présentations variées. Je conçois donc davantage la complexité de ce métier aux multiples facettes.

Et c’est tant mieux car d’ici quelques mois arrivera mon premier stage en entreprise : une belle aventure en perspective !

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44 commentaires sur “Bilan d’un mois en école d’ingénieurs

  1. A propos de cette légende urbaine disant qu’après la « classe préparatoire, l’entrée en école d’ingénieurs est un chemin pavé de rose » et ce qui suit. Il n’y a pas de fumée sans feu, j’ai aussi fait CPGE (MPSI/PSI*) + concours et ai intégré une école pas prestigieuse certes mais correcte ; et j’ai bien eu un sentiment de vide lors des premières semaines de cours, car c’est la période de remise à niveau en particulier lorsqu’on ne vient pas de CP, je n’ai pas glandé pour autant j’ai suivi les cours et passés les exams comme tout le monde, mais ce n’était pas super intéressant… au final cela dépend certainement des écoles, de leur façon de démarrer et de faire la remise à niveau (quand elle est nécessaire)

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    1. Etant passe par Centrale Paris dans les annees 90, je dois dire que je n’ai pas passe beaucoup de temps dans le batiment d’enseignement…
      Glande absolue pendant 3 ans (enfin, en dehors d’une vie associative bien remplie) et les exams pas vraiment a la hauteur, il y avait toujours moyen d’avoir entre 8 et 10/20 sans avoir mis les pieds en amphi. En cas d’echec, il y avait toujours les fameuses proj’.
      C’etait le bon temps! Il parait que ca a bien change depuis…

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      1. doombar : Pour avoir fait Centrale Paris de 2008 à 2012, ça n’a pas vraiment changé non. Le bâtiment enseignement est toujours déserté par une grande part de la promo, partie qui se débrouille quand même pour valider les matières plus ou moins « à l’arrache » en révisant la veille avec les polycopiés de cours (j’en sais quelque chose).
        Bien sûr il y a des élèves sérieux qui vivent l’école d’ingé comme la prépa, mais ce n’est pas la majorité et on a toujours moyen de passer outre la majorité des cours en amphi sans dommage pour la réussite de la scolarité. C’est une chance, d’ailleurs, car ce genre d’écoles « généralistes » propose un tronc commun certes assez varié pendant la 1° et la 2° année d’études, mais qui dit cours variés dit aussi cours inintéressants pour certains qui ont déjà le désir de se spécialiser…

        Bref en tout cas, ce n’est pas forcément très glorieux mais comme vous dites, on a une vie associative bien remplie à côté, il n’y a pas le temps de tout faire… 😉

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      2. Pour y être actuellement (2ème année), les choses changent fortement depuis 2-3ans: volonté affichée de d’augmenter le niveau des cours, des examens (explosion du nombre de redoublants) et maintenant obligation d’aller en cours (système contraignant de retrait de points, surveillance accrue des absences). Renouvellement de certains professeurs incompétents.

        Cette évolution va de paire avec une forte internationalisation de l’école qui ne peut plus se permettre de faire venir des étrangers pour leur présenter un désert éducatif, et avec l’alliance avec supéléc qui a déjà entamé cette politique, et sur laquelle Centrale doit s’aligner.

        Les cursus de 3ème année sont, d’après les dires de nombreux étudiants, exigeants et complet (du moins dans les filières énergie, informatique et programmation).

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      3. @brunel: Et ben c’est pas trop tôt! Le successeur de Daniel Gourisse a finit par faire un peu de ménage. J’ai beaucoup aimer le:

        « l’école qui ne peut plus se permettre de faire venir des étrangers pour leur présenter un désert éducatif »

        Ce n’est pas du politiquement correct, mais cela fait du bien quand la vérité apparaît au grand jour.

        Reste plus qu’à démonter pied à pied le splendide dédain de l’université et du monde de la recherche dans lequel Centrale se complaisait jusqu’ici. Je fais confiance aux ricains et aux nouaches pour nous expliquer à quel point nous nous sommes fossilisés dans ce système bicéphale « grandes » écoles vs. université.

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      4. Les Centrale trainent cette réputation oui.
        Les Mines par contre, ca rigole pas … et ce dès la 1ere année. J’ai meme plus bossé en 3eme année qu’en prépa.

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  2. « Non, l’ingénieur n’est pas seulement un individu sachant calculer des intégrales triples ou équilibrer des équations chimiques le plus rapidement possible. Que ce soit par les cours de sciences humaines abordant ces thématiques ou bien par l’ancrage fort de l’école dans le monde de l’emploi : je comprends d’avantage la complexité de ce « métier » aux multiples facettes.  »

    Ah d’accord, maintenant c’est beaucoup plus clair.

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  3. l’ingénieur, c’est celui qui sait pourquoi ça devrait marcher.
    le technicien, c’est celui qui sait comment le faire marcher.

    encore un ingé de l’UTC.
    on finira par le retrouver à la boîte; comme beaucoup.
    ouf, je ne suis pas ingénieur.

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  4. « C’est un IMMENSE choc que de se retrouver tout seul pour quelqu’un qui, comme moi, a toujours habité chez ses parents »
    Je me souviens que ca avait été un choc pour moi aussi. Maintenant après N déménagements dans trois pays différents je n’arrive même plus à comprendre comment j’avais pu ressentir ca, ca m’apparaît comme une broutille.

    « Il faut dire que le mode d’enseignement en prépa ne laisse pas tellement de place pour une réflexion sur notre devenir »
    Si vous êtes allé en prépa sans être fait pour ca, heureux pour vous que vous en soyez sorti. Si vous avez eu l’occasion d’essayer et de vous rendre compte que ce n’était pas fait pour vous ben tant mieux, c’est une expérience en plus. La prépa et vous êtes incompatibles, ca ne veut pas pour autant dire que l’un ou l’autre est mauvais en soi. Mais attention quand même, dans le monde du travail la pression psychologique et la masse de travail peuvent parfois être plus importantes qu’en prépa.

    « En un mois, j’ai sans doute plus appris sur l’ingénierie qu’en une année de classe préparatoire »
    La prépa est là pour faire un tri sur les capacités, pas sur les compétences.

    « nous faisons des simulations d’entretiens d’embauche et rédigeons CV et lettres de motivation en langue étrangère »
    Ca sert à rien. Premièrement, un peu de bon sens et d’observation suffisent à cerner comment s’y prendre. Deuxièmement quand un recruteur à l’étranger s’intéresse au cv d’un francais, c’est aussi pour avoir un francais, c’est à dire quelqu’un d’un minimum original par rapport à ce dont il a l’habitude, alors lui ressortir le même rôle insipide qu’on apprend à jouer partout dans le monde ne va pas forcément l’emballer…

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    1. « nous faisons des simulations d’entretiens d’embauche et rédigeons CV et lettres de motivation en langue étrangère »
      « Ca sert à rien. »
      Non, ça sert pas forcément à rien, certaines boîtes veulent juste des ingés qui parlent bien leur langue, sans avoir de préférence quant à la nationalité.
      Simplement, les ingé formé par les impôts français font le plaisir de l’industrie à l’étranger (c’est un peu le deal entre l’Allemagne et l’Espagne, c’est pour ça qu’être contre l’Europe quand on est allemand, c’est assez absurde). Mais ça marche dans les 2 sens remarquez, bien des étudiants chinois veulent rester en france. Il ne faudrait pas laisser passer ces talents.
      Ou alors: les ingés français vont acquérir une expérience à l’étranger et reviennent encore plus performants en France, on peut aussi voir ça comme ça…

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      1. « Il ne faudrait pas laisser passer ces talents »
        Tout à fait, sauf qu’en France, on a même fait totalement l’inverse avec la scélérate circulaire Guéant (abrogée depuis) : combien d’étudiants étrangers franchement diplômés et formés à grands couts avec nos impôts ont été invités à quitter le territoire faute de renouvellement de titre de séjour (au lieu d’aller travailler dans des entreprises sur le territoire français) ?
        J’en connais personnellement deux (particulièrement brillants en plus) qui une fois diplômés étaient en cours d’embauche directement après l’école. Malgré le soutien de leur futur employeur ils ont été traités comme des malpropres par les services préfectoraux et n’ont jamais obtenu de permis de séjour. Résultat, l’un est parti en Allemagne et l’autre au Canada. Ils ont été accueillis à bras ouverts, titre de séjour et tout le toutim… bref un gâchis sans nom…

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      2. « Non, ça sert pas forcément à rien, certaines boîtes veulent juste des ingés qui parlent bien leur langue, sans avoir de préférence quant à la nationalité »
        Dans ce cas là il suffit de répondre aux questions â l’entretien, pas besoin d’entraînement spécifique. Donc dans tous les cas ça sert à rien, cqfd.

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  5. Même constat que d’autres commentateurs ici. Je suis sorti d’une école assez cotée du groupe Centrale-Supelec en 2008 et ce qui est dit est vrai : c’est 3 ans de glande intense. On va au premier cours d’un module pour récupérer le poly et puis plus rien, les amphis sont vides ensuite. La plupart des élèves bachotent et pour ceux qui n’ont pas les examens ce n’est pas très grave. Première possibilité c’est « la chute de barres » : le conseil enseignant abaisse artificiellement la limite pour avoir les crédits du module pour ne pas se faire taper de trop dessus par commission des titres. Donc déjà un bon nombre valident quand même. Deuxième fenêtre : les rattrapages qui étaient chez un véritable simulacre d’examen qui s’apparente plus à du travail collectif avec le cours sur les genoux avec la complicité passive du surveillant…
    Ce qui me reste de l’école c’est la fête, les assoc’, les lendemains de cuite, les potes… Niveau cours, il y a un désintérêt total pour la technique. Un grand nombre partent faire de la finance ou un master en école de commerce ensuite parce que c’est là-bas que le fric coule à flots. Donc pas étonnant que les cours n’intéressent personne. Après beaucoup de profs sont résignés, il font leurs heures et retournent dans leur labo. C’est triste parce que l’enseignement technique est de qualité en France mais qu’il finira par retomber comme un soufflé par ce dénigrement continuel de la technique…
    Pour faire carrière de toute façon, dans les grandes boites en France vous pouvez faire ce que vous voulez, tout le système est noyauté à l’échelle industrielle par les Supelec ou les Gadzar qui ont accès en priorité aux offres internes et qui sont tirés vers le haut par leurs comparses au mépris de toute compétence et professionnalisme… Que du copinage… On entend de partout le même refrain : « non mais la technique tu feras jamais une carrière la dedans, c’est juste bon pour commencer ». Triste pour une nation qui se veut un acteur majeure de l’industrie…
    Perso, j’ai abandonné au bout de 5 ans chez un gros industriel français et je suis allé m’installer à l’étranger. Surprise à mon embauche : le recruteur se moquait pas mal de mon diplôme, seul le niveau d’études et la discipline l’intéressait… et surtout c’est ce que je savais faire… ici les promotions sont distribués selon les performances de chacun et le contexte d’entreprise y est beaucoup plus sain de ce fait.

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    1. « ici les promotions sont distribués selon les performances de chacun »
      J’aimerais bien qu’on me présente une entreprise ou institution, juste une seule, où que ce soit dans le monde, où il n’y a pas de copinage pour la montée en grade, et où cette montée en grade n’est pas entravée par des règles absurdes.

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      1. Tant que ce n’est pas des posts de management ou on essaie de prendre du fric en foutant le moins possible mais purement d’ingenierie (pas forcement mal payee non plus), il y a plein (mais vraiment PLEIN) de boites qui payent bien vous savez ?

        En tout dans mon experience de 17 ans a l’etranger…

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  6. De la lecture de votre blog, j’ai envie de vous dire, relâchez vous un peu / beaucoup. Amusez vous, sortez, allez aux soirées, etc…
    Que vous soyez le plus assidus où le dernier de la promo, à la fin le recruteur français regardera exclusivement le nom de votre école pour vous fixer un salaire. Et un recruteur étranger, votre niveau en langue étrangère et motivation.

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    1. Je me permets de nuancer un peu votre affirmation sur les recruteurs étrangers.Comme un certain nombre d’ingénieurs français, je suis parti travailler en Allemagne après mes études.
      Là-bas, lorsque vous préparez un dossier de candidature, on vous demande systématiquement les justificatifs (Bescheinigungen) de tout ce qui est mentionné dans votre CV : entre autres vos relevés de notes universitaires. Plusieurs de mes collègues se sont vu poser des questions plutôt embarrassantes lors de leurs entretiens à cause de matières qu’ils avaient clairement négligées.
      Par contre à l’inverse, l’anglais semble être un acquis pour tout le monde et peu de recruteurs y consacrent du temps (sauf spécificité du poste).

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    2. « l’école d’ingénieur ne va rien vous apprendre d’utile pour votre métier d’ingénieur mais va vous apprendre à apprendre. »

      Doit-on en conclure qu’apprendre à apprendre n’est pas utile pour le métier d’ingénieur ?

      Le directeur de mon école a tenu le même genre de propos le jour de ma rentrée. Parfois on nous dit aussi que « les ingénieurs sont meilleurs pour prendre du recul » ou qu' »un ingénieur peut traiter des problèmes qu’il n’a pas rencontrés pendant sa formation » (à ce moment là du discours, tous les futurs ingénieurs sont en train de s’imaginer des techniciens débiles qui se cognent la tête contre leur clavier à la première erreur Windows inattendue). Ça fait plaisir à l’ego c’est sûr, mais tout ça reste très abstrait, appuyé par aucun lien de cause à effet établit entre le contenu de la formation des ingénieurs et une capacité sur-développée de prise de recul.

      Un ingénieur n’est qu’un technicien qui a fait des études plus longues et qui a un meilleur parcours scolaire en moyenne. Ça s’arrête là. Pour une distinction plus fine il faut lire Dilbert.

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  7. La phrase que j’ai retenu de ces années là : l’école d’ingénieur ne va rien vous apprendre d’utile pour votre métier d’ingénieur mais va vous apprendre à apprendre.

    Je pense que la différence entre l’ingénieur et le technicien est là, sans préjuger des capacités des personnes elle-même : l’ingénieur est capable de monter en compétence sur n’importe quel sujet. Le technicien est un expert du sujet sur lequel il a été formé.

    Car dites vous bien que 95% des connaissances utiles dans votre métier sont acquises au sein de l’entreprise.

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    1. J’aime votre distinction théorique, (malheureusement appliquées par les DRH et leur grilles qui créent des castes définies par les diplômes).

      En pratique, beaucoup de techniciens sont de meilleurs ingénieurs (selon votre définition) que les « vrais » ingés qui désormais sortent de ce qui s’apparente de plus en plus à une école de commerce.

      L’école d’ingénieur est là pour créer des réseaux d’anciens sous fond d’introduction et de sensibilisation à la technique.

      Pour ceux qui ne partent pas dans la finance, après quelques années optionnelles à « pisser du code » en SSII, les ingés deviennent enfin trentenaires managers (s’ils restent dans la technique, ce sont des ratés), et ils peuvent enfin passer leurs journées à dessiner des cycles en V et des diagrammes de Gant sous Powerpoint.

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    2.  » l’école d’ingénieur ne va rien vous apprendre d’utile pour votre métier d’ingénieur mais va vous apprendre à apprendre. »

      C’est rigolo, c’est ce qui est régulièrement dit aussi des prépas (par ceux qui les défendent). Donc, dans les grandes écoles d’ingénieurs (celles qui recrutent en sortie de prépa), on prend des étudiants qui ont « appris à apprendre » et on leur « apprend à apprendre » ? Et à la fin, ils n’ont rien appris mais ont passé 5 ans à « apprendre à apprendre » ? Ouah…

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  8. Tout d’abord, de mon point de vue un ingénieur c’est celui qui sait comment un « systéme » fonctionne, pourquoi ça fonctionne et, surtout, qui est capable de créer de nouveaux sytèmes en utilisant ses conaissances.
    Qaunt au choc de la 1ère année mon fils a testé Epita et sa « piscine » ; pendant 15 jours non-stop ne laisser que 3 à 4 h aux élèves pour dormir (faut retirer le temps de transport !) pour les épuiser, ça marche ; quelques malaises (sans compter qu’ils ont presque tous attrapé la crève en restant des jours dans des salles surpeuplées…). Et la suite = travail très intensif, rendre les projets le dimanche… (mais ils ont « le droit  » de dormir la nuit maintenant !) Dans quel but ? préparer de bons petits soldats, prêts à montrer aux futurs employeurs comment ils seront de bons …esclaves ?! je pensais qu’on avait besoin de managers …à moins que ça soit juste pour la bonne réputation de l’école.

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    1. A 43 325 € le cycle d’études complet pour un diplôme qui avant 2007 n’était pas reconnu par la CTI, si mon fils ou ma fille n’y glandait rien je peux vous dire qu’il aurait de mes nouvelles… Pour avoir eu des collègues sortant cette école, je peux vous dire qu’on y forme peut être de bons informaticiens ou programmeurs mais surement pas des ingénieurs à qui on demande de prendre un peu de recul et réflechir hors des sentiers battus.

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      1. bien sûr il faut rentabiliser ! mais entre ne rien « glander » et être en mode no life il y a sans doute des alternatives.
        …pour votre info le diplôme est désormais reconnu et on peut accèder après une prépa ça revient moins cher que le cycle complet (même si ça n’est pas donné !)

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      2. « A 43 325 € le cycle d’études complet pour un diplôme qui avant 2007 n’était pas reconnu par la CTI, si mon fils ou ma fille n’y glandait rien je peux vous dire qu’il aurait de mes nouvelles… »

        S’il ne veut pas faire ce cursus et que vous le lui imposez parce que vous pensez savoir mieux que lui, vous allez au devant de graves, graves, graves déconvenues. Peu importe combien vous payez.

        Au moins vous serez prévenu.

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    2. Toutes les écoles d’ingénieur mettent en avant désormais des cours de « management ». Du coup tout le monde veut être « manager », mais il faut bien qu’il reste des gens à manager…

      Heureusement qu’il y a des écoles comme l’EPITA et des IUT d’où sortent des gens qui savent faire des choses de leurs mains. Bon, après je ne suis pas forcément d’accord avec les méthodes « Piscine », mais le problème de fond en France est le mépris de la technique.

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      1. En fait, on peut être technicien sans être ingénieur, mais le contraire est difficile.

        En entreprise, on a désormais des armées de mauvais managers, parce qu’ils ne maîtrisent pas les sujets sur lesquels travaillent leurs équipes.

        Il y a un siècle, un ingénieur savait concevoir un pont. Aujourd’hui, un « ingénieur » est quelqu’un qui fait clignoter un bouton sur une page web avec JQuery.

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    3. C’est complètement débile de ne pas laisser aux élèves suffisemment de sommeil. Il est bien connu qu’un temps de sommeil suffisant est absolument INDISPENSABLE pour fixer dans la mémoire ce qu’on apprend.
      Personnellement en prépa j’ai toujours gardé mes 8-9h de sommeil par nuit et un rythme très régulier, quoi qu’il arrive, et j’ai bien mieux réussi que pas mal de mes camarades, qui travaillaient jusqu’à minuit, voire plus certains soirs. Je suis sûre qu’ils étaient plus doués que moi, mais leurs efforts étaient vains, ils n’arrivaient même plus à se concentrer en cours tellements ils étaient crevés.
      En entreprise, c’est pareil, personne n’a jamais rien fait de bon en manquant de sommeil (sauf à titre vraiment exceptionnel, on peut faire des extra un soir pour une deadline…). On peut faire semblant, par contre, ou se faire bien voir par le chef. Mais la qualité du travail… au bout d’un moment c’est même une rentabilité négative (on donne du boulot aux autres).
      Je ne dis pas qu’il faut glander, par contre. En prépa j’avais juste assez de loisirs pour supporter la pression (1/4h de lecture par jour, plus 1/4 d’heure de douche pour la détente, et 2h de ballade le week-end). En école d’ingénieur, j’en avais un peu plus, mais pas tant que ça, et mes camarades également. J’étais dans une école du groupe centrale, et s’il est vrai que certains ne faisaient pas grand-chose, ils étaient vite rattrapés par les partiels à repasser… Et ils n’étaient pas tellement nombreux en fait, surtout passé le premier trimestre. Et j’ai un souvenir de la dernière année franchement dur (pas comme en prépa quand même, mais il y avait bien autour de 45 à 50h de travail par semaine , le dernier trimestre j’avais presque 40h de cours par semaine (du lundi au vendredi, avec 8 à 10h de cours par jour, y compris parfois le jeudi après-midi) : j’ai trouvé le stage à 39h par semaine, plus le rapport à rédiger, franchement cool en comparaison)

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  9. Bravo! Quel lyrisme! Quelle envolée!
    D’une façon générale, les ingénieurs sont toujours très lyriques quand ils évoquent leurs études, leur métier… en un mot fort: leur mission.

    Ça peut se comprendre. D’abord, les études d’ingénieur sont les plus difficiles, cela se sait et il n’est nul besoin d’argumenter. En comparaison, les études de médecine sont une partie de plaisir où les étudiants en apprennent long comme le bras sur le stupre et l’alcool.

    Ensuite, un ingénieur, c’est un homme de convictions. Prenez un avocat par exemple: il peut défendre une partie ou l’autre dans un procès, indifféremment et sans scrupule. Car il n’y a que l’argent qui lui importe. On achète les services d’un avocat, mais on n’achète pas un ingénieur – on l’investit.

    Prenez un autre exemple: les commerciaux. Alors eux, c’est toujours querelles internes, trafic d’influences, conspiration et course à la promotion. A l’opposé, l’ingénieur ne s’intéresse à son salaire que de façon symbolique pour ainsi dire, car il méprise les promotions mais se sacrifie parce que quelqu’un doit, en fin de compte, faire le travail sérieux.

    Cela nous amène à la mission sacrée de l’ingénieur justement. La France a les meilleures écoles, les bien nommées grandes écoles. Tout le monde sait, dès l’éveil de la conscience, que la prospérité du pays est bâtie sur le travail acharné des ingénieurs. Les produits français sont mondialement reconnus pour leur qualité de conception et de fabrication. Ce n’est pas un hasard si le label ‘Made in France’ est un sceau prestigieux que nos voisins allemands, américains ou japonais nous envient honteusement.

    Regardez les Italiens: tout ce qu’ils savent exporter, c’est du vin et du fromage produits selon des recettes d’un autre temps. Alors que même le fromage français est fabrique selon l’art et les règles de l’industrie – c’est le Monde lui-même qui s’en enorgueillissait dans ces colonnes.

    Pour finir, il ne faut pas s’y tromper – et les femmes s’y trompent rarement. Si l’ingénieur reste un être généralement modeste et discret, son aura dans la société est sans égale. C’est peut-être la gratification la plus noble du métier d’ingénieur: un pouvoir de séduction incomparable sur la gent féminine. Que de fois en effet n’a-t-on assiste a l’émoi trouble d’une jeune femme à qui l’on présentait justement un ingénieur! Il n’est peut-être pas le plus beau, mais au moins la demoiselle est assurée de ne pas s’ennuyer.

    Jeune homme, toi qui te lances avec générosité sur les traces des bâtisseurs de l’avenir, merci pour ton journal sincère et passionnant qui a tout-a-fait sa place dans la meilleure des presses.

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    1. Les italiens ne font que du fromage et du vin ?!!! mazette ! use your brain ! quand une voiture française ressemble enfin à quelque chose c’est que le design est signé Bertone ou Pinnafarina…et quand toutes les motos du monde copient le design d’une Ducati ou d’une MV..tiens ! les motos ! les allemands en conçoivent d’excellentes, les anglais aussi et bien sûr les italiens qui créent des légendes (Ducati MV Guzzi Morini….) les français = un scooter Peugeot fabriqué en Inde ! waouh ! vive la France !!!
      la mode c’est aussi Milan autant que Paris l’ami. Et n’oublions pas que l’Italie est dans le G8 …avec seulement la moitié du pays (nord) qui bosse ! attention quand l’Italie s’éveillera !!! FORZA ITALIA
      ah ! oui, je suis d’origine italienne et mes arrières grand parents sont venus en France pour…aider la France à s’en sortir ! (comme les français sont allés apporter le « progrès » en Afrique ! ) warf ! je me marrre

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  10. « 678 mouchoirs »

    Loin de la glandouille festive, peut être, en lisant ça, j’ai quand même l’impression de me trouver devant un branleur honnête !

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  11. Je suis ingénieur depuis… très long temps.
    J’ai travaillé un peu partout dans le monde, dans un domaine très pointu.
    Je peux vous dire que le cœur du métier de l’ingénieur est de savoir par quel angle attaquer un problème, ou d’identifier rapidement si un obstacle à la réalisation d’un système peut être franchi en respectant le budget du projet.
    Le rôle du technicien est de réaliser des tâches bien définies, et résoudre les problèmes en appliquant des méthodes reconnues comme efficaces. Le rôle de l’ingénieur est d’identifier les problèmes, définir les tâches, décider à qui les confier, les moyens nécessaires, indiquer les méthodes à appliquer et les objectifs à atteindre (specs, échéances).
    Un excellent technicien n’est pas forcement un bon ingénieur, et un ingénieur moyen n’est certainement pas un excellent technicien.
    Au long de ma vie professionnelle j’ai pu observer qu’un excellent ingénieur est au moins un bon technicien, parfois je dirais même qu’il (elle?) est « magicien »… effortlessly and elegantly navigating around fundamental limits by recasting the problem!

    Un ingénieur qui ne s’occupe pas de « la technique » est plutôt un « business manager ». Si votre intérêt est d’accéder rapidement à ce type de poste, il serait peut être plus efficace (et rentable) de demander un prêt (à vos parents?) et intégrer une (grande) école de commerce, évitant ainsi les années inutiles à l’école d’ingénieurs et puis en entreprise comme ingénieur débutant.

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    1. @Lazare: « z’avez l’air de bien capter le second degré de Niczko, vous !.. » Effectivement. Sources à l’appui:

      http://archive.alphanet.ch/autofaq/apple_vaincra/divers/rapports_d%27activit%E9/ethnologie/centra

      « Fondée sur une initiative privée, néanmoins prémonitoire, l’École Centrale,
      Maîtrise de la complexité, dès la première année, d’École Centrale.
      Polyplurimultidisplinaire, à tendance généraliste, l’École Centrale.
      Bât-Ens, obligation de l’excellence, l’École Centrale.

      Je n’ai pas le temps d’arriver que j’passe un contrat moral avec l’École Centrale.
      Je s’rais ingénieur heureux, avec un joli diplôme de l’École Centrale.
      Nous sommes des privilégiés dont la nation attend bôcoup, à l’École Centrale.
      Une culture d’entreprise centenaire, l’École Centrale.

      L’École Centrale, toute la journée,
      Je vais jouer à faire semblant,
      L’École Centrale, y’a des amphis,
      L’École Centrale, on est bien mieux au lit,
      L’École Centrale, celle de Paris,
      L’École Centraaaaaaaaale.

      Et puis je m’laisserai pas piéger par toutes les sirènes de l’École Centrale.
      On peut pas tout faire, il va falloir choisir parmi les activités de l’École Centrale.
      Je dominerai les hautes technologies les plus nouvelles de pointe, à
      À condition de lire tous mes polys, l’École Centrale. l’École Centrale.

      L’École Centrale, toute la journée,
      Je vais jouer à faire semblant,
      L’École Centrale, y’a des amphis,
      L’École Centrale, on est bien mieux au lit,
      L’École Centrale, celle de Paris,
      L’École Centraaaaaaaaale. »

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