Parcoursup 2018 : des couacs dans le dispositif « meilleurs bacheliers »

École polytechnique – J.Barande (CC BY-SA 2.0)

Avec ses 20/20 au bac S 2018 en maths, en physique et en sciences de l’ingénieur, Victor (*), lycéen de La Réunion, comptait sur le dispositif « meilleurs bacheliers » sur Parcoursup pour obtenir une place dans la classe préparatoire de son choix. Instauré en 2014 et modifié depuis, ce système aurait dû lui permettre, à lui comme aux autres 10% de meilleurs bacheliers de sa filière et de son lycée ayant eu une mention, d’obtenir un ticket coupe-file dans ses formations préférées sur Parcoursup.

Mais depuis le 6 juillet, jour de publication des résultats du bac 2018, rien n’a changé dans le dossier Parcoursup de l’élève réunionnais. « Je suis toujours en attente sur la classe préparatoire que je souhaiterais rejoindre. » Il a tenté d’obtenir des explications, avec sa famille. En vain. « Nous avons commencé par contacter le rectorat de La Réunion juste après le bac, détaille sa mère. On nous a alors informés que la procédure n’était pas encore en place. Et puis quelques jours plus tard on nous a informés que Victor était bien dans les meilleurs bacheliers et qu’il fallait attendre. »

« Un autre bachelier avec un moins bon dossier lui est peut-être passé devant »

Pour Victor, ce délai semble s’éterniser. « Dès le lendemain du bac on pouvait lire sur Twitter le témoignage d’élèves qui avaient pu bénéficier de ce dispositif, poursuit sa mère. Mais rien pour nous. » La famille contacte alors le rectorat de Nantes où Victor souhaiterait étudier, sans davantage de succès. Elle apprend cependant que le programme « meilleurs bacheliers » est bien en place là-bas, ce qui lui fait craindre de ne pas pouvoir en bénéficier : « Chaque formation ne fait remonter qu’un ou deux dossiers de meilleurs bacheliers, s’inquiète la mère de Victor. Un autre bachelier avec un moins bon dossier lui est peut-être passé devant. »

Contacté la semaine dernière, le Ministère de l’enseignement supérieur renvoie vers le rectorat de La Réunion qui assure que le dispositif a bien été lancé. « Il faut attendre que des places se libèrent pour qu’elles profitent aux candidats », précise-t-on. Une information étonnante puisque les places proposées sont censées être distinctes de la procédure normale. Mais ce que Victor ne comprend pas, c’est que sa position sur la liste d’attente de la prépa qu’il vise évolue quotidiennement. « Je gagne des places tous les jours dans cette formation, c’est bien la preuve que des places se libèrent», soupire-t-il. Sollicité pour obtenir davantage d’informations sur l’implémentation concrète de ce dispositif, le Ministère de l’enseignement supérieur n’a pas donné suite à nos messages.

Comme Victor, des « meilleurs bacheliers » d’autres académies nous confient ne pas avoir reçu de propositions via ce dispositif. « C’est le flou total. On nous dit que l’on est meilleurs bacheliers, mais on ne nous donne aucune information sur la manière dont fonctionne le système », s’insurge un candidat de l’académie de Créteil.

« Le dispositif est entièrement manuel »

Comment expliquer les difficultés autour de ce dispositif ? Le rectorat de Créteil apporte des éléments de compréhension. « Il n’y a aucun algorithme qui fait remonter automatiquement les candidats meilleurs bacheliers sur les listes d’attente des formations, tout est manuel, détaille un  membre du service communication. Ce sont des commissions qui se réunissent et décident au cas par cas en fonction des places disponibles de remonter tel candidat dans telle formation. » Un système qui peut être cause de lenteurs et d’oublis, et présente surtout un défaut majeur : « Nous ne nous occupons que des candidats ayant passé le bac dans notre académie et nous n’avons  de visibilité que sur les formations de notre académie », explique le rectorat. En clair, si le dispositif s’applique de la même façon dans les autres rectorats, un meilleur bachelier, comme Victor, ne pourra bénéficier du coup de pouce « meilleur bachelier » que pour des formations situées dans son académie. Or il est fréquent de candidater en dehors de celle-ci, notamment en classes prépas où l’origine géographique des candidats n’est pas prise en compte. Et c’est tout particulièrement vrai pour les bacheliers de l’outre-mer, où l’offre de formations est très limitée… Une information que le Ministère n’a pas souhaité commenter, malgré nos relances.

Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes replongés dans les algorithmes de Parcoursup publiés le 21 mai. Rien ne concerne les meilleurs bacheliers. Un oubli ? « À ma connaissance, les meilleurs bacheliers sont remontés en haut des classements et profitent les premiers des places disponibles. L’algorithme qui envoie les propositions n’est pas modifié », précise Hugo Gimbert, l’un des concepteurs des algorithmes, sur son compte Twitter. Ce tweet semble donc confirmer donc qu’aucun algorithme ne s’occupe de remonter les candidats.

L’an dernier, le dispositif meilleurs bacheliers avait permis à 1 060 candidats d’obtenir une place dans une formation sélective.  Cette année, le dispositif a été remanié pour toucher un plus grand nombre de candidats. Principale nouveauté : il a été étendu aux formations non-sélectives (licences, Paces), à condition d’y avoir formulé un voeu et de l’avoir maintenu jusqu’aux résultats du bac le 6 juillet. Mais le nombre de places réservées à ce dispositif et son fonctionnement précis demeurent inconnus.

(*) le prénom a été modifié.

Guillaume Ouattara, blogueur-invité au Monde Campus

Bac 2018 : des lycéens privés de leur calculatrice pendant l’épreuve de physique-chimie

Lucas Hayas (CC BY-SA 2.0)

Des lycéens se sont vu interdire l’utilisation de leur calculatrice scientifique pendant l’épreuve de physique-chimie du bac ce jeudi 21 juin, au motif qu’ils consultaient des antisèches. Le sujet précisait que « l’usage de tout modèle de calculatrice, avec ou sans mode examen, est autorisé », faisant suite à une décision du ministère, en février, de reporter l’obligation, à compter du bac 2018, du mode examen sur les calculatrices (qui neutralise l’accès à leur mémoire), prévue par une circulaire de 2015.

« Des incidents sont survenus dans quatre lycées de l’académie de Lille avec le retrait définitif ou provisoire par des surveillants de leur calculette à un certain nombre de candidats », précise le ministère de l’éducation nationale, tout en indiquant que des « consignes de correction » seront données aux professeurs.

C’est le cas au lycée Pierre Forest de Maubeuge. « Après trente minutes d’épreuve le proviseur est venu dans notre salle et nous a dit que toute personne possédant son cours dans sa calculatrice serait reporté en situation de fraude, détaille l’un des candidats de l’établissement. Il nous a ensuite demandé de supprimer l’intégralité des programmes de notre calculatrice. » Dans la salle, de nombreux élèves s’exécutent.

Une rupture du principe d’égalité entre les candidats

Mais certains refusent, plaidant le fait que rien dans le sujet ne leur interdit d’utiliser leur calculatrice. « Le proviseur a confisqué les calculatrices de ceux qui ne supprimaient par leurs programmes, poursuit l’élève de terminale s. Il a aussi demandé à des élèves de passer leur calculette en mode examen. »

À la sortie de l’épreuve, des candidats et leur famille contactent le rectorat de Lille pour remonter l’incident et dénoncer une rupture du principe d’égalité (les candidats des autres centres d’examen ayant pu composer avec leur propre calculatrice). L’élève de terminale publie son témoignage sur le forum TIPlanet, spécialisé de l’univers des calculatrices scientifiques.

Contacté, Christian Israël, proviseur du lycée, se défend de toute rupture du principe d’égalité. « Très rapidement après le début de l’épreuve, nous nous sommes rendus compte que plusieurs candidats avaient rentré leurs cours dans leur calculatrice et recopiaient tels quels des questions de cours, explique-t-il. Nous les avons avertis qu’ils pouvaient être sanctionnés et pour éviter que d’autres candidats ne soient sanctionnés nous avons demandé à l’ensemble des élèves de supprimer les programmes de leur calculatrice. »

Ceux n’arrivant pas ou ne voulant pas supprimer leurs programmes se sont vus proposer deux alternatives ; activer le mode examen ou utiliser une calculatrice collège prêtée par le lycée. « L’idée était d’éviter que les élèves ne se retrouvent en situation de fraudes et que nous ne devions faire de multiples rapports d’incidents. »

« Des consignes de correction seront données aux correcteurs »

Au lycée Sophie Berthelot de Calais, d’autres candidats ont vécu la même mésaventure. Antoine, élève de terminale s et l’une de ses camarades se sont faits confisquer leur calculatrice quelques minutes après le début de l’épreuve. « Quelqu’un m’a pris ma calculette durant l’épreuve, a-t-il confié à Thomas Dagbert, journaliste à Nord Littoral. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que c’était considéré comme de la triche. » L’élève indique avoir été privé de sa calculatrice pendant 2h avant qu’une calculatrice de « type collège » ne lui soit proposée.

« Ils ont pris en photo la programmation de ma calculatrice et j’ai signé un rapport mais j’étais sous le choc », poursuit-il. Stressé, le candidat n’a pas bien réussi l’épreuve. Contactée par nos soins, la proviseure du lycée apporte des détails sur l’incident. « Une heure après le début des épreuves, un surveillant nous a signalé que plusieurs élèves recopiaient des définitions depuis leur calculatrice, explique-t-elle. Après avoir constaté les faits, nous avons contacté les services du rectorat de Lille qui nous ont donné la consigne de confisquer les calculatrices des élèves concernés. » Pour permettre aux deux lycéens de poursuivre leurs épreuves l’établissement leur a remis deux calculatrices scientifiques.

Du côté du ministère de l’éducation nationale, ces faits sont pris très au sérieux. « Afin qu’aucun candidat ne soit lésé, des consignes de corrections seront données aux correcteurs des copies concernées pour leur permettre de respecter le principe d’égalité de traitement des candidats. Des consignes spécifiques seront également données aux présidents des jurys lors des délibérations », explique-t-on rue Grenelle.

Ces différents incidents, s’ils constituent des ruptures du principe d’égalité entre les candidats, posent également la question de l’interprétation des textes réglementaires concernant les calculatrices. Rien dans les circulaires officielles n’interdit aux candidats de rentrer leurs cours dans leur calculette. « Les lycéens peuvent utiliser l’intégralité des fonctionnalités de leurs calculatrices‘ », rappelle aussi le ministère. Ce qui n’a pas empêché plusieurs responsables de l’académie de Lille de voir dans leur utilisation une fraude.

L’année prochaine, ce type de situation ne devrait pas se reproduire, si la circulaire rendant le mode examen obligatoire sur les calculatrices entre bel et bien en vigueur.

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus

 

Bac : fausses fuites de sujets, vrais effets

Pete (CC BY 2.0)

« J’ai mis l’éducation nationale en PLS [position latérale de sécurité]. »  Depuis deux jours Damien (*) fanfaronne sur les réseaux sociaux. Il faut dire que ce candidat au bac s a fait fort ; créer un faux sujet du bac 2018 d’histoire-géographie qui, additionné à d’autres fausses fuites suffisamment crédibles sur jeuxvideo.com, a incité le Ministère à recourir à des sujets de secours.

À l’origine de ce canular, Damien voulait « faire réviser » ses camarades de filière scientifique. « Je voulais que ceux qui avaient fait des impasses révisent les chapitres sur le Moyen-Orient et la gouvernance mondiale », confie-t-il. Alors avec ses amis il fabrique un faux sujet, s’inspire de la mise en page officielle, reprend des intitulés tombés les années précédentes et ajoute un texte « pris au hasard » sur internet en guise d’analyse de documents. Puis il partage une photo du document sur Twitter. Magie des réseaux sociaux ses fausses informations sont retweetées près de 200 fois.

Très vite William, un internaute vigilant, détecte le fake et tente d’alerter les bacheliers. « La mise en page ne collait pas et il y avait une faute d’orthographe dans l’énoncé », soupire-t-il. Mais le lendemain, surprise ; des sujets de secours sont distribués en lieu et place du sujet original. Le Ministère déclare, alors, avoir pris cette décision face à des « rumeurs non avérées de fuite. »

De trop bons pronostics

Mais si les sujets étaient faux, pourquoi une telle décision ? En fait, il se pourrait bien que Damien ait vu juste dans ses pronostics. Sur Twitter, une candidate raconte que sa professeur aurait vu les vrais sujets qui auraient dû tomber mardi. Les thèmes abordés ? Les USA, la gouvernance mondiale et le Brésil. Deux des trois thèmes du faux-sujet de Damien. Contacté à ce sujet, le Ministère de l’éducation nationale refuse de faire tout commentaire sur ce coup de chance. « Le recours à des sujets de secours n’a eu aucun impact sur le déroulement de l’épreuve, précise-t-on rue Grenelle, nous préférons ne pas commenter cette affaire. »

Comme l’explique le directeur de la maison des examens d’Île-de-France au Monde, « le recours à un sujet de secours est toujours justifié par le principe de précaution et le respect du principe d’équité de traitement des candidats devant l’examen en évitant ainsi de laisser penser dans l’opinion publique que certains candidats auraient pu être avantagés ou lésés par rapport à l’ensemble des candidats. »

Les bacheliers s’improvisent oracles

Pour Damien et son faux sujet, c’est un véritable aboutissement. Aux internautes qui le remercient d’avoir fait fuiter un sujet, le bachelier se fend d’un modeste « de rien, je suis là pour ça. » En privé, le jeune homme semble pourtant moins exubérant. « Je ne pensais pas que cela prendrait autant d’ampleur en si peu de temps, je regrette pour les candidats n’ayant pas été à l’aise avec les sujets de secours. »

Si le candidat ne risque pas grand chose, sa fausse fuite n’a pas été sans conséquence. Il a fallu acheminer à la dernière minute les sujets de secours dans les centres d’examen.

Comme lui, des dizaines de candidats jouent aux oracles sur les réseaux sociaux ou les forums. À côté des traditionnels pronostics, certains internautes essaient de faire croire qu’ils sont en possession de fuites de sujet. Leur objectif ? Perturber, comme Damien, le cours normal des examens. Ainsi, l’expression « fuite du bac » sur Twitter renvoie vers des dizaines de tweets sans fondement. Qu’importe. Leurs auteurs gardent en tête l’exploit de Chaldeen, internaute qui avait fait fuiter des sujets du bac de maths en 2011, entraînant la neutralisation de l’un des exercices.

Par exemple mercredi-soir, sur Twitter, des candidats s’échangeaient la capture d’un prétendu sujet mis en vente à 500 euros.

Au programme ? Un exercice sur le hand spinner dont la description provenait tout droit de Wikipédia. Un fake grossier. « Ce genre de fausses fuites m’énerve, peste William, l’internaute vigilant. Ça se propage extrêmement rapidement sur les réseaux sociaux. Tout le monde le partage. Je ne comprends pas l’intérêt des gens à l’origine de tout ça. Certes, ils ont leur moment de gloire, mais au final ça ne sert à rien, les sujets de secours sortent… »

Le Ministère scrute les réseaux sociaux

Mais parmi toutes ces fausses informations se glissent parfois de vrais coups de pouce. Ainsi, l’an dernier sur Twitter des élèves s’échangeaient l’intitulé d’un sujet de composition d’éco-droit distribué par erreur dans un lycée du jura. Très vite détectée, cette fuite avait entraîné la neutralisation de la question fuitée.

Il faut dire que le Ministère de l’éducation nationale surveille de très près ce qui s’échange sur les réseaux sociaux. « Nous avons un bureau de veille et d’étude qui scrute quotidiennement les échanges sur les forums et les réseaux sociaux », détaille le Ministère. Qu’importe. Les bacheliers-oracles continuent à œuvrer sur les réseaux sociaux et à fabriquer leurs faux sujets en espérant, un jour, tomber juste.

(*) : le prénom a été modifié

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus

Bac 2018 : Quels programmes d’antisèche rentrer dans sa calculatrice ?

LordFerguson (CC BY-SA 2.0)

La session 2018 du bac débutera la semaine prochaine. Le jeudi, les élèves de terminale s composeront sur l’épreuve de physique-chimie. Le lendemain, les élèves de terminale es et s plancheront sur les maths. Cette année, les calculatrices scientifiques sans le mode examen auraient dû être interdites pendant les épreuves. Mais le gouvernement a finalement fait machine arrière et les élèves pourront utiliser leur calculette pour les épreuves scientifiques, sans avoir à activer le mode examen.

Ainsi, comme tous les ans de nombreux bacheliers installeront des programmes antisèches dans leur calculatrice. Du simple pense-bête de formules à la véritable encyclopédie de cours : tout est possible avec sa TI ou sa Casio.

Mais attention : pour que ces programmes soient vraiment efficaces, il faut les installer avec parcimonie et intelligence. Voici quelques conseils pour que votre calculatrice devienne une alliée pendant les épreuves du bac.

La très mauvaise idée : télécharger des programmes de triche sur le net

Avoir tous ses cours de terminale sur sa calculatrice peut paraître tentant pour le bac. De nombreux sites internet vous proposent d’ailleurs de télécharger des packs tout-en-un avec l’intégralité des cours de physique et de maths (formules et démonstrations comprises).

Cette solution me paraît extrêmement mauvaise. Car, pendant les 4h d’épreuves de maths ou les 3h30 de physique, vous n’aurez clairement pas le temps de consulter ces véritables encyclopédies électroniques.

Pire encore, pensant avoir à votre disposition tous vos cours, vous aurez tendance à négliger vos révisions et vous risquez de vous retrouver complètement perdu dans les différentes formules le jour J. Et si votre sujet interdit les calculatrices, c’est la page blanche assurée.

Alors oui, les calculatrices peuvent être une petite aide, un support « au cas où », mais en aucun cas elles ne doivent se transformer en extension de votre cerveau.

Se confectionner des programmes personnalisés

Du coup, soyez bien plus malins. Utilisez votre calculatrice pour inscrire quelques pense-bêtes, des formules qui vous rassureront le jour J. Pour que ces programmes soient efficaces, basez-vous sur les formules dont vous avez eu le plus besoin en faisant des annales. L’objectif est de vous rassurer le jour J, de ne pas passer des heures à retrouver une formule que vous auriez oubliée.

En maths, par exemple, il peut être intéressant de se noter les règles de calcul avec les exponentielles, les logarithmes ou encore quelques dérivées et primitives dont vous ne vous rappelez jamais.

En physique, des formules cinétiques ou bien de transformations chimiques peuvent se révéler utiles.

Bref, l’idée est de vous concocter des programmes personnalisés qui correspondent à vos besoins et que vous maîtriserez le jour J.

Des algorithmes pour aller plus vite

Il est également très judicieux de vous programmer un petit algorithme pour  calculer les racines des polynômes du second degré (vous trouverez des tutos un peu partout sur internet). Ainsi, vous serez plus efficace sur les questions simples et pourrez concentrer votre énergie sur les exercices plus difficiles.

Deux règles d’or, donc, pour ces programmes d’aide sur la calculatrice : ils doivent venir de vous et doivent être utilisés avec parcimonie. Adieu donc définitions entières et bonjour petits algorithmes coup de pouce.

Et n’oubliez pas que disposer d’un programme sur sa calculette ne doit pas vous empêcher de connaître parfaitement votre cours.

Programmer, est-ce tricher ?

Au fait, programmer sur sa calculatrice, est-ce bien légal ? Une circulaire officielle encadre l’usage des calculettes dans les examens et elle n’émet aucune restriction quant au contenu sur ces dernières.

Vous êtes donc libres d’inscrire tout ce que vous voulez sur votre calculatrice.

En 2018, les calculatrices programmables auraient dû être interdites. Mais face à la complexité de mise en œuvre de cette réforme, l’interdiction n’entrera finalement en vigueur que pour la session 2019 du baccalauréat.

Des professeurs-tricheurs : ça existe

Pour la petite anecdote, sachez que certains de vos profs ont peut-être utilisé, comme vous, leur calculatrice pour leurs concours. C’est en tout cas ce qui ressort d’un commentaire publié sur mon blog très récemment.

Les candidats aux épreuves d’agrégation de chimie sont assez forts dans l’art de la triche avec calculatrice. Ils n’hésitent pas à prendre en photo des livres entiers de chimie organique pour simplifier leur examen. Voici par exemple le témoignage d’une agrégée de chimie : « Je fais des fiches récapitulatives que je prend en photo et que je mets dans ma calculatrice (Ti NSpire). En chimie orga, je trouve un bouquin (le Rebasso, je crois) où toutes les réactions chimiques sont récapitulées. Hop, en photo dans la calculatrice ».

Alors élèves de terminale : utilisez, avec intelligence, les technologies qui s’offrent à vous. Et surtout : bon courage pour vos révisions et les épreuves !

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus.

Retrouvons-nous sur Facebook et sur Twitter pour poursuivre la discussion.

Parcoursup 2018 : risque d’erreur lors des validations sur l’application mobile

École polytechnique – J.Barande (CC BY-SA 2.0)

Des lycéens ont-ils été victimes d’un bug sur l’application pour téléphone portable de Parcoursup ? C’est en tout cas le sentiment de plusieurs d’entre eux qui décrivent la même situation : une proposition d’admission dans une formation, qu’ils étaient certains d’avoir acceptée sur l’application leur est apparue le lendemain comme abandonnée.

Andréa fait partie des candidats concernés. Mardi 22 mai, dès le début des réponses sur le site Parcoursup, elle a l’agréable surprise d’être acceptée dans un BTS design graphique. “J’étais sur liste d’attente dans tous mes autres vœux, du coup j’ai un peu attendu avant d’accepter la proposition”. Le lundi 28 mai au matin, elle se connecte à l’application Parcoursup sur son smartphone et valide la proposition, tout en maintenant son vœu sur une formation qu’elle préfère et qui l’a placée en liste d’attente. Un message sur l’application lui annonce que son choix a été pris en compte. Elle se déconnecte, rassurée

Mais le lendemain, c’est la douche froide : “sur Parcoursup, il y avait noté que faute de réponse dans les délais, j’abandonnais ma place en BTS, raconte-t-elle. Et étonnamment, tous les vœux en attente que j’avais supprimés avaient réapparu”. Paniquée, la lycéenne compose le numéro vert de Parcoursup. Après une heure d’attente, elle réussit à parler à une conseillère. “Elle ne me croyait pas, elle pensait que je n’avais pas validé le vœu dans les temps. Mais j’étais certaine d’avoir eu un message de confirmation.” Finalement après quelques minutes d’explications, la conseillère au bout du fil la réintègre dans la formation… mais sur liste d’attente. Jeudi matin, en se reconnectant sur la plateforme, la lycéenne est de nouveau acceptée dans le BTS en question.

“Le logiciel lui indique qu’elle a renoncé à tout”

Comme elle, plusieurs lycéens ont l’impression d’avoir été victimes d’un bug de la plateforme, qui ne semble toucher que l’application mobile. Sandrine, mère d’une élève de terminale ES a vécu la même situation. “Mardi après-midi, ma fille a découvert, en pleurs, que son vœu en fac de droit qu’elle avait accepté sur son smartphone apparaissait désormais comme abandonné.” La mère et sa fille contactent aussitôt la plateforme d’appel de Parcoursup. “Au bout du fil, la conseillère m’a indiqué que ce n’était pas la première fois de la journée qu’ils devaient faire face à cette situation, détaille Sandrine. Elle a été réintégrée dans cette fac de droit, mais sur liste d’attente.” Le lendemain matin, au réveil, sa fille découvre qu’elle est à nouveau acceptée dans la formation. “Ça nous a toutes les deux soulagées, sourit Sandrine, mais on ne comprend vraiment pas comment cette situation a pu se produire.

Combien de candidats ont connu un tel problème sur Parcoursup ? Impossible le quantifier pour le moment. Thibaut Marchal, professeur de SES au lycée Jules Ferry de Versailles raconte : “Une de mes élèves a obtenu un « oui » (définitif) pour des langues à La Sorbonne. Lundi 28 au soir entourée de ses amies, elle valide ce vœu (qui apparaît alors en vert sur son écran) et renonce aux autres qui étaient « oui – en attente ». Ce matin en tant que Professeur principal je consulte les réponses de mes élèves et m’aperçois qu’elle est indiquée en rouge comme ayant quitté Parcoursup. N’ayant pas souvenir qu’elle ait passé un concours d’école hors Parcoursup, je l’interpelle et lui demande où elle va l’an prochain. Elle me répond, confiante, à La Sorbonne. Je lui dis qu’elle n’est plus indiquée comme inscrite dans Parcoursup, ce qu’elle s’empresse de vérifier sur son smartphone. Elle s’effondre en larmes… le logiciel lui indique qu’elle a renoncé à tout.” Comme les autres candidats dans cette situation, l’élève contacte immédiatement le numéro vert et se voit attribuée une place en liste d’attente. Ce mercredi, en se reconnectant sur Parcoursup une place lui a été à nouveau proposée.

“Aucun bug n’a été détecté”

Contacté, le rectorat de Versailles indique que plusieurs candidats lui ont soumis ce problème de validation. “Nous avons réintégré les candidats en première position de liste d’attente sur leur vœu, il n’y a pas d’autre solution”, indique Dominique Patard, attachée de presse du rectorat.

Du côté du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, on indique qu’“aucun bug n’a été détecté”. “Nous avons pris connaissance de messages sur les réseaux sociaux, mais ni l’analyse du site, ni celle de l’application nous ont permis de constater un quelconque bug”, précise-t-on au Ministère. Et de souligner qu’“à chaque fois qu’une telle situation s’est produite, les élèves ont pu être replacés en liste d’attente.

Mais comment expliquer cette situation ? “il peut y avoir des problèmes de validation sur l’appli, certains boutons sont trop petits », explique Dominique Patard, au rectorat de Versailles.Il y a des risques d’erreurs de réponses causées par la manipulation beaucoup moins aisée sur téléphone portable que sur un ordinateur.” confirme le centre d’information et d’orientation Médiacom. De part et d’autre, les conseils sont clairs : « pour toute action importante sur le dossier Parcoursup, comme la réponse à une proposition, il convient de se connecter depuis un ordinateur et non depuis un téléphone ou une tablette.»  Dans le rectorat de Versailles, cette consigne est diffusée aux étudiants depuis plusieurs mois.

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus

Parcoursup 2018 : les dessous de l’algorithme racontés par ses créateurs

waiam cia (CC BY 2.0)

La plateforme Parcoursup est-elle en train de créer le bug de l’an 2018 ? C’est la question que l’on peut se poser à la vue des premiers résultats de l’affectation des étudiants. Conçue pour remplacer APB accusé par certains de faire preuve d’opacité, Parcoursup n’échappe pourtant pas aux critiques. Le 22 mai dernier, à son ouverture, 400 000 candidats se sont retrouvés sans affectation. Incompréhension des candidats sur liste d’attente, joie et dilemme de ceux acceptés dans leurs voeux ; le ministère assure quant à lui que tous les étudiants auront une place dans le supérieur à la rentrée.

Une semaine après, 32% des élèves restent toujours dans l’incertitude concernant leur orientation. Pour tenter de comprendre la vision du ministère sur ces premiers résultats, Jérôme Teillard, chef de projet réforme de l’accès à l’enseignement supérieur et Hugo Gimbert, chercheur au CNRS chargé de concevoir les nouveaux algorithmes de Parcoursup, ont répondu à nos questions.

Guillaume Ouattara : À l’ouverture de Parcoursup, 400 000 candidats étaient sans affectation. Au fil des jours des propositions leur sont faites, et la liste décroît. Quel regard portez-vous sur la situation aujourd’hui ?

Hugo Gimbert (CNRS) : Nous suivons l’évolution des propositions faites aux candidats au jour le jour. Des chiffres nous remontent quotidiennement sur le déroulement de la procédure. Avant le lancement de Parcoursup, nous avons fait un certain nombre de simulations pour anticiper le comportement des candidats. Ça n’était pas forcément évident puisque c’est la première année que nous lançons ce système. Jusqu’à aujourd’hui, le déroulement de Parcoursup est plus rapide que le scénario le plus optimiste que nous avions modélisé. Nous n’avons pas de craintes particulières, la situation va avancer au fil des jours.

Jérôme Teillard (Ministère) : Nous sommes confiants sur le fait que tout le processus est en train de converger. Il faut que les candidats soient attentifs aux délais. L’accompagnement par les professeurs principaux rend le processus beaucoup plus sécurisé. Et ce qu’il faut dire, c’est que le système est plus lisible. Les candidats n’ont pas à mettre en place de stratégie, ils peuvent garder certains voeux en attente, changer d’avis. Ils ont le dernier mot et ne doivent plus faire de voeux contraints.

>>> Lire aussi : Comment Parcoursup risque d’augmenter considérablement les listes d’attente

Comprenez-vous que cette situation puisse être stressante pour les candidats qui n’ont aucune affectation aujourd’hui ?

Jérôme Teillard : Il faut entendre les candidats qui expriment des angoisses, mais dans la durée Parcoursup est un processus nettement plus sécurisant. On donne aux candidats des indicateurs précis, des perspectives concrètes. Ce sont forcément des moments qui ne sont pas simples à vivre individuellement, mais c’est le cas dans chaque moment de choix important. Le passage du collège au lycée est également une période compliquée pour les élèves. Cette année est particulière puisqu’il s’agit d’une transition vers l’enseignements supérieur fondé sur un nouveau système. Nous avons également mis en place des dispositifs d’accompagnement des élèves qui au 22 mai se sont retrouvés avec des réponses négatives des filières sélectives sur tous leurs vœux. Nous sommes dans une logique de transparence, nous luttons contre les fake news qui existent sur la procédure. Notre dispositif n’est pas parfait mais il fonctionne, nous pouvons le garantir. Mais il y a, c’est vrai, un vrai travail de pédagogie et d’accompagnement à faire, et c’est ce à quoi nous nous employons au ministère, dans les académies et les établissements scolaires.

Jean-Michel Blanquer a annoncé hier sur BFMTV et RMC que 20% des élèves seront toujours sur liste d’attente avant le début du bac. Ces chiffres semblent-ils se confirmer ?

Hugo Gimbert, chercheur au CNRS chargé de mission Parcoursup (DR)

Hugo Gimbert: Nous attendons d’avoir toutes les données avant de faire des estimations. Mais ce qu’il faut souligner, c’est que les candidats n’ont pas à parier sur les réponses des autres pour faire leur choix. Ils peuvent accepter leur proposition préférée parmi toutes celles qui leur sont faites. Avec APB, il était possible de faire des choix stratégiques complexes lors de l’ordonnancement des voeux, notamment pour les L1 et les internats.

Quelles différences conceptuelles y a-t-il entre APB et Parcoursup ?

Jérôme Teillard : L’idée avec Parcoursup c’était de mettre en place un nouveau système fondé sur la transparence et la liberté de choix pour les candidats. Le point de départ de la fin d’APB, c’est une mise en demeure que nous avons reçue de la CNIL et qui nous indiquait qu’il ne fallait plus prendre de décisions sur l’orientation des étudiants basées sur le hasard et sur des algorithmes. Il nous a fallu remettre de l’humain au coeur de la procédure. Avec APB, c’était les algorithmes qui faisaient la loi. Avec Parcoursup, les algorithmes développés par Hugo Gimbert et Claire Mathieu ne sont qu’une traduction des règles posées dans la loi et ses textes d’application.

Hugo Gimbert : Dans le cahier des charges du développement de Parcoursup, il y avait deux éléments clairs. Premièrement, il ne fallait plus que les candidats hiérarchisent leurs voeux. Deuxièmement, il fallait supprimer les tirages au sort. Nous ne devions plus utiliser aucun élément aléatoire. À plusieurs reprises on s’est trouvé dans des situations où l’on aurait pu mettre des critères aléatoires. C’était interdit cette année.

Jérôme Teillard : En fait avec APB la loi n’avait pas prévu de mécanismes de résolutions pour de nombreuses situations. C’est pour cela que le tirage au sort était utilisé, pour régler ces situations compliquées. Cela a introduit une part d’arbitraire dans la procédure, ce qui n’est pas souhaitable.

Comment se traduit la volonté de transparence de la procédure Parcoursup ?

Jérôme Teillard : Nous publions quotidiennement des indicateurs qui font le suivi de la procédure. Les candidats peuvent également connaître leur position sur liste d’attente. La manière dont le classement des dossiers a été organisée est également transparente. Il y a eu un cadrage national d’attendus fixés pour l’ensemble des candidats par les formations, les éléments de leurs dossiers qui sont pris en compte. Depuis le 22 janvier, le site de Parcoursup présente les différents attendus qui servent à évaluer les dossiers des candidats. L’examen des dossiers a été effectué par des commissions d’examens de voeux. Pour les filières sélectives (prépas, BTS, DUT…), les critères utilisés n’étaient pas transparents. Désormais, avec les attendus, les élèves savent ce que les formations recherchent.

Certains redoutent que les universités soient devenues “sélectives”, qu’en pensez-vous ?

Jérôme Teillard : En ce qui concerne les licences à l’université, l’examen des dossiers a pour but la réussite des étudiants. Pour les candidats qui sont les moins  préparés pour vouésà ces filières, les universités peuvent mettre en place des procédures d’accompagnement particulières (via les “oui si”). Le classement n’est qu’une opération secondaire, il n’a d’impact que dans les filières en tension (avec plus de demandes que de places). Il fallait mettre fin à un choix qui pouvait en cas de tensions se solder par l’arbitraire du tirage au sort. Le travail qui est fait dans les commissions d’examens repose sur ces attendus. Les critères concrètement utilisés sont couverts par le secret des délibérations, comme dans tous les jurys. Mais ils se réfèrent aux attendus. Chaque candidat a la possibilité de solliciter les établissements sur les motifs pédagogiques qui l’ont écarté d’une formation. Mais c’est important de le redire : aucun candidat ne peut être refusé dans une formation non-sélective.

Hugo Gimbert, en tant que chercheur au CNRS, comment en êtes-vous arrivé à travailler sur la plateforme Parcoursup ?

Hugo Gimbert : J’ai été sollicité par le ministère à la rentrée dernière pour être chargé de mission sur Parcoursup. J’ai une double compétence. Je suis avant tout chercheur en informatique, ce qui me donne du recul par rapport à quelqu’un qui n’aborderait que les enjeux techniques. J’ai également des compétences de développement. Par le passé j’ai déjà reçu l’appui de Philippe Baptiste, actuellement directeur de cabinet de la ministre Frédérique Vidal, pour développer un outil aidant les commissions d’évaluation scientifique du CNRS à mutualiser l’information et à dématérialiser leur travail.

Durant votre travail de développement des algorithmes, quels étaient vos liens avec le ministère ?

Hugo Gimbert : Nous avons eu de nombreuses réunions d’arbitrage avec le ministère au cours desquelles les décisions techniques ont été prises. Ces réunions était très collaboratives, ce qui était une surprise pour moi, j’imaginais un fonctionnement davantage hiérarchisé, même si, in fine, le dernier mot revenait logiquement au chef de projet ou au directeur de cabinet. Pour débuter notre travail, nous sommes partis des grandes lignes du texte de loi qui était en préparation. Le développement a pu commencer quand nous avons eu tous les arbitrages nécessaires sur l’algorithme. Avec Claire Mathieu, nous nous occupions du coeur algorithmique de Parcoursup, de toutes les fonctions clefs. Nous sommes repartis de zéro et n’avons rien gardé d’APB. Les équipes techniques situées à Toulouse, et qui travaillaient les années passées sur APB, ont été chargées de toute la maîtrise d’oeuvre ; concevoir le site web, maintenir les serveurs, gérer la base de données…

Jérôme Teillard : Il y a eu pour le développement de Parcoursup un véritable travail collaboratif entre le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et le ministère de l’éducation nationale. Un certain nombre d’arbitrages techniques, juridiques et pédagogiques ont été rendus pour prendre les décisions qui mettaient en œuvre le cadre législatif. Nous sommes partis de la loi et de ses décrets d’application. Pour que notre philosophie soit bien comprise par tous, nous avons publié une trentaine de fiches pratiques pour que les équipes sur le terrain comprennent bien la procédure. En mars, nous avons également organisé des journées de formation auprès de différents responsables pédagogiques des universités.

Lorsque l’on analyse les algorithmes que vous avez publiés, on se rend compte que certains candidats boursiers sont remontés dans les listes des formations sélectives et non-sélectives, tandis que certains candidats hors de l’académie sont descendus dans les listes de formations non-sélectives. Comment cela s’explique-t-il ?

Hugo Gimbert : Il ne s’agit que de la traduction algorithmique de deux mesures votées par le parlement dans la loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants) : un taux minimum de boursiers à respecter dans toutes les formations (sélectives et non-sélectives) et un taux maximum d’élèves hors de la zone géographique de la formation. Pour classer les candidats, nous respectons trois niveaux de contraintes. Premièrement appliquer le taux minimum de boursiers, deuxièmement appliquer le taux maximum de candidats hors secteur (pour les formations non-sélectives) et troisièmement respecter les classementseffectués par les  formations.

Jérôme Teillard : Ce sont les recteurs qui ont fixé ces deux taux. L’objectif est de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur. Ils sont affichés sur le site de Parcoursup et l’algorithme n’est là que pour les traduire.

L’objectif de laisser les candidats choisir leur affectation avec plusieurs voeux c’est de leur faire avoir “des choix d’orientation éclairés”. Or, dans les faits on se rend compte que les candidats n’ont pas forcément anticipé leurs choix et qu’ils se décident dans la précipitation quand ils ont plusieurs propositions, n’est-ce pas contradictoire ?

Jérôme Teillard : L’orientation est toujours un processus complexe et qui peut être angoissant si l’on n’est pas accompagné. Je comprends tout à fait les interrogations des candidats. C’est précisément pour cela que nous avons mis en place un deuxième professeur principal dans les classes de terminale dès cette année. Et puis les conseils de classe permettent également de mieux accompagner les candidats. Les projets de formation motivés et la fiche avenir leur ont fait permis de formaliser toutes ces réflexions. On demande aux candidats de choisir en sept jours, ils peuvent également solliciter leurs entourage, leurs professeurs ou des étudiants pour les accompagner. Mais il est vrai que l’on n’enlèvera jamais le fait qu’un choix d’orientation est toujours difficile. Ce que nous souhaitons c’est que les élèves soient mieux accompagnés.

Hugo Gimbert : Il faut rappeler qu’avec APB nous demandions aux candidats de choisir leurs voeux en avance, il fallait les positionner les uns par rapport aux autres. Un candidat qui fait plus de 100 voeux, comme c’est couramment le cas sur les concours communs, doit anticiper plus de 4900 choix différents, qui peut faire ça? L’intérêt de Parcoursup c’est que le candidat peut se concentrer sur les choix décisifs, il ne s’agit plus de classer des voeux hypothétiquement. Pour rentrer dans l’aspect technique, Parcoursup et APB fonctionnent de manière similaire. Simplement avec APB c’était un algorithme qui affectait les candidats selon leurs voeux. Désormais, ce sont les candidats qui ont la main sur leur affectation.

>>> Lire aussi : Parcoursup 2018 : gare à l’« overbooking » des formations sélectives

Sachant que les candidats n’ont pas hiérarchisé leurs voeux, aurez-vous la possibilité de mettre en place des outils de satisfaction pour savoir s’ils seront affectés dans une formation qui leur plaît ?

Hugo Gimbert : Nous n’avons pas encore défini d’indicateur pour mesurer la satisfaction des candidats en fin de procédure, c’est en cours. Dans les simulations que nous avons faites, nous avons pris des jeux de données issus d’APB et nous avons comparé le résultat obtenu par les deux procédures. On arrive rapidement à l’optimum avec Parcoursup. Dans les simulations, les élèves obtiennent leurs voeux préférés en un peu plus de temps, c’est vrai.

Jérôme Teillard : Au-delà de la mesure de la satisfaction, il faut rappeler qu’APB n’avait pas été construit dans une perspective globale d’orientation, mais qu’il s’agissait d’une simple plateforme technique. Notre objectif avec Parcoursup n’est pas simplement de réussir la phase d’admission le plus rapidement possible, mais c’est que dans les trois ans les étudiants puissent pleinement réussir leurs études. APB était un outil exogène, il faisait tout sans accompagner la réflexion des élèves. Parcoursup est davantage une plateforme à considérer comme unoutil au service d’un processus plus complet d’orientation.

Pour conclure, pensez-vous que le fonctionnement de Parcoursup et ses algorithmes resteront tels quels l’an prochain ?

Jérôme Teillard : Frédérique Vidal s’est engagée auprès des différents acteurs de la procédure à faire un retour d’expérience. Pas seulement sur l’outil Parcoursup mais sur le fonctionnement global. Le processus est voué à s’améliorer, nous écoutons les craintes de nos interlocuteurs et transformerons la procédure là où c’est nécessaire. Par exemple, il nous a été remonté des difficultés pour les élèves en situation de handicaps à s’orienter car ils ne savent pas si les formations sont accessibles. Nous travaillerons sur ce sujet pour la prochaine session de Parcoursup pour qu’il y ait un référent handicap dans chaque formation.

Propos recueillis par Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus.

 

Que révèle une première analyse du code source de Parcoursup ?

Startup Weekend Compiègne (CC BY-ND 2.0)

Ce lundi 21 mai, veille de l’ouverture de Parcoursup pour les élèves de terminale et ceux se réorientant, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a publié une partie du code source de la plateforme Parcoursup.

Au total, ce sont près de quarante fichiers informatiques qui ont été dévoilés par le ministère. À cela il faut ajouter une documentation technique d’une vingtaine de pages qui détaille, à chaque fois, les choix techniques opérés dans Parcoursup. Une première analyse de ce code source révèle quelques informations intéressantes sur le fonctionnement de la plateforme.

Que contiennent les documents fournis par le ministère ?

Le ministère n’a pas fourni l’intégralité du code source de la plateforme Parcoursup, mais simplement les algorithmes « utilisés pour déterminer quotidiennement les propositions d’admission qui sont transmises. »

Pour bien comprendre cette idée, il convient de reprendre le schéma de fonctionnement de Parcoursup :
1. Les candidats émettent des vœux sur la plateforme
2. Les formations reçoivent les candidatures et les classent
3. La plateforme parcoursup envoie les propositions aux candidats

Le code publié correspond à cette troisième phase, celle de la transmissions des propositions d’admission aux candidats. Ainsi, du fonctionnement des « algorithmes locaux » utilisés pour trier les candidats, on ne saura rien. Seule la phase d’affectation des candidats dans les formations est présentée.

On pourrait penser que cette étape consiste simplement à retranscrire aux candidats le classement effectué par les formations. En réalité, ça n’est pas le cas. Trois points majeurs ressortent de l’analyse.

1. Parcoursup retrie les listes de candidats fournies par les formations

Première découverte : l’algorithme de Parcoursup retrie les candidats. En clair, si un candidat est classé 15ème sur la liste fournie par un BTS informatique, il se peut que Parcoursup décide de le classer 30ème. Ce reclassement est opéré sur la base de deux critères : un taux minimum d’élèves boursiers et un taux maximum de non-résidents.

En clair, Parcoursup peut décider de remonter certains candidats boursiers sur la liste et de redescendre des candidats qui seraient non-résidents ; qui ne viendraient pas de la « zone géographique » de la formation. Dès lors, les boursiers résidents sont prioritaires dans les listes. Ainsi, Parcoursup distingue le « classement pédagogique » opéré par les formations de « l’ordre d’appel » recalculé par les algorithmes pour tenir compte de ces critères.

Pour bien comprendre cette idée, prenons un exemple tout simple. Si une formation reçoit 500 candidatures, classe les élèves de 1 à 500 et que le premier élève boursier se trouve à la 69ème place, l’algorithme le remontera automatiquement à la première place.

2. Le casse-tête du « nombre de propositions d’admission »

La publication de l’algorithme de Parcoursup permet également de mettre en lumière un véritable casse-tête pour les formations : celle du « nombre de propositions d’admission » ; le nombre de candidats à appeler à chaque tour.

Pour bien comprendre cette idée, prenons un exemple concret. Mettons que vous êtes la directrice d’un IUT informatique de 50 places. Vous avez reçu 1000 candidatures et classés 500 candidats. Votre questionnement est simple : combien de candidats accepter et combien mettre sur liste d’attente ?

Avant, avec APB, les candidats classaient leurs vœux selon leur préférence. Et, dès qu’ils étaient retenus dans une formation, ils libéraient automatiquement les vœux qui étaient situés en-dessous dans leur classement. Ces places étaient immédiatement affectés à des candidats classés plus bas dans la liste de votre formation. Ainsi, cette question du nombre de candidats à appeler n’avait pas de sens.

Mais désormais sur Parcoursup les candidats ne classent plus leurs voeux. Ainsi, un candidat peut recevoir plusieurs propositions d’admission. Avant, dans votre IUT, l’algorithme voyait que les 100 premiers candidats étaient pris ailleurs, il proposait votre formation à des candidats classés plus bas dans la liste. Parcoursup n’a plus cette possibilité.

Dès lors, si vous ne dites oui qu’aux 50 premiers et mettez les 450 autres sur liste d’attente, vous avez la quasi certitude qu’ils ne viendront pas et vous devrez attendre leur désistement pour proposer les places aux 50 candidats suivants sur votre liste. Du coup, Parcoursup propose deux palliatifs : le « taux d’appel supplémentaire » et le « rang limite d’appel« .

> Le taux d’appel supplémentaire est un pourcentage que vous ajoutez à votre capacité de base et qui ne doit pas dépasser 20%. Ainsi, vous pouvez choisir d’appeler les 60 premiers candidats de votre liste.

> Le rang limite d’appel est un rang que vous fixez dans votre liste et jusqu’auquel vous dites oui aux candidats. Si les années précédentes les admis dans votre IUT étaient du rang 250 à 310, vous pouvez décider de dire « oui » à 300 candidats au lieu de 50.

Ce « rang limite d’appel » se nomme un overbooking. C’est un pari assez risqué puisque si 80 des 350 candidats auxquels vous avez répondu oui décident de venir dans votre formation, vous serez obligé de les accepter. Toutes les formations ne pratiquant pas cet overbooking, on risque de se retrouver avec un processus de remplissage des formations bien plus long.

3. La délicate question des places en internat

Une dernière difficulté ressort de cette analyse ; c’est la question de la gestion des places en internat. Le sujet est très complexe et, à la lecture des différents documents fournis par le ministère, on se rend compte qu’il a dû tirailler les équipes techniques.

Le problème est le suivant : certaines formations proposent à leurs étudiants des places en internat. Dans ce cas, elles effectuent deux tris. Un tri des candidats pour rejoindre leur formation en se basant sur leur niveau académique. Un tri des candidats pour venir dans l’internat en se basant sur des critères sociaux.

Comme les formations peuvent pratiquer de l’overbooking, si elles disent « oui » à trop d’étudiants ayant demandé l’internat, alors elles risquent de se retrouver en sureffectif. Un critère a, donc, été mis en place pour limiter le nombre de propositions faites aux candidats en internat.

Quelques questions autour de l’algorithme de Parcoursup :

> Avec cet algorithme, sait-on comment les formations ont trié les candidats ? Non. Ce tri a été effectué par chaque formation sur des critères qui leur sont propres.

> Les candidats redoublants sont-ils pénalisés par l’algorithme de Parcoursup ? Non. Rien dans les éléments publiés ne montre une quelconque pénalisation des candidats qui auraient redoublé par le passé. Certaines formations très sélectives ont pu, ponctuellement, intégrer ce critère de redoublement pour leur tri, mais cette pratique n’est en rien généralisée.

> Les candidats en réorientation sont-ils pénalisés dans les classements ? Là encore, aucun élément de l’algorithme publié ce lundi ne met en avant de pénalisation de ces profils de réorientés. Il faut savoir qu’avec APB, certaines pénalités étaient placées d’office sur leurs dossiers. Désormais ce sont les formations qui décident de la manière dont elles souhaitent trier les candidats en réorientation.

> Pourquoi 400 000 candidats vont-ils se retrouver ce soir sur liste d’attente ? Frédérique Vidal l’a annoncé ce matin sur France Inter : 400 000 candidats n’auront pas d’affectation à 18h sur Parcoursup. Cela est dû à la fin de la hiérarchisation des vœux sur Parcoursup. Désormais, un candidat pourra recevoir plusieurs propositions d’admission. Dès lors, les candidats avec les meilleurs dossiers auront ce soir jusqu’à 10 propositions. Les autres candidats seront sur liste d’attente et devront attendre les désistements qui arriveront au fil de l’eau. J’avais détaillé ce système dans une précédente note de blog.

> Lire aussi : Parcoursup : la sensible question des listes d’attente

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus

Parcoursup : gare à l’« overbooking » des formations sélectives

Pete (CC BY 2.0)

Dans un peu plus d’un mois, les 810 000 élèves inscrits sur Parcoursup obtiendront les premières réponses aux voeux qu’ils ont formulés. Pour l’heure, les différentes formations trient et classent les candidatures reçues.

Mais cette étape de classement des candidats s’avère plus compliquée que prévue pour les formations sélectives (prépa, BTS ou encore DUT). En cause ? La fin de la hiérarchie des voeux des candidats. Pour éviter la pénurie d’étudiants à la rentrée, certaines formations sélectives pourraient procéder à un « overbooking » des candidats. En clair, accepter beaucoup plus d’élèves que de places disponibles pour la formation. Un système qui n’est pas sans risques.

Les conséquences de la fin de l’algorithme d’affectation

Pour bien comprendre ce qui est en jeu ici, il convient de revenir sur les transformations engendrées par Parcoursup. Jusqu’à l’an dernier sur APB, l’admission dans le supérieur se faisait grâce à un système de listes. Les candidats classaient différents voeux selon leurs préférences, et les formations classaient les candidats selon leurs résultats. Un algorithme d’affectation venait ensuite faire « matcher » les voeux des candidats et le classement des formations. Dès qu’un candidat était admis dans un établissement il démissionnait automatiquement de ses voeux classés en bas de sa liste et libérait ainsi des places. Tout se faisait automatiquement avant la première phase.

Prenons le cas d’une prépa de proximité de 40 places. L’un des enseignants chargés de l’admission détaille le fonctionnement. « L’an dernier, avec APB, nous recevions 2000 candidatures. Sur toutes ces candidatures, nous sélectionnions 400 candidats que nous jugions potentiellement aptes à rejoindre notre prépa ». Les candidats étaient ensuite classés selon leurs résultats. « Pour beaucoup d’élèves, notre prépa est un voeu de secours, détaille l’enseignant. Sur les 400 candidats classés, les 150 premiers partaient le plus souvent dans une prépa plus prestigieuse et libéraient leur place ».

Ainsi, les 40 places de la prépa étaient attribués à des élèves apparaissant plus bas dans le classement (du rang 100 à 250, par exemple). « Grâce à ces algorithmes d’affectation, dès le premier tour d’APB 70% des places pouvaient être attribuées ».

Mais cette année, avec Parcoursup, les élèves ne hiérarchisent plus leurs voeux et peuvent être admis dans plusieurs formations à la fois. Conséquence ? Ils ne libèrent plus automatiquement leur place et l’algorithme d’affectation ne peut plus fonctionner.

« Avec l’overbooking, nous sommes sûrs de remplir plus rapidement nos places » 

Reprenons l’exemple de notre prépa de proximité. Cette année, avec Parcoursup, elle a également reçu 2000 candidatures pour 40 places. À nouveau elle sélectionne 400 candidats potentiels. Mais contrairement à l’an dernier, il n’y a plus d’algorithme pour affecter les candidats dans la formation. Du coup, la prépa est placée face à un dilemme pour remplir ses 40 places.

La première option, la plus naturelle, est de dire oui aux 40 premiers candidats et de mettre les autres sur liste d’attente. Mais ces candidats sont ceux avec le meilleur dossier qui non seulement seront pris par cette prépa de proximité mais également dans des prépas beaucoup plus prestigieuses. « On sait pertinemment que les candidats en haut de notre liste ne viendront pas dans notre prépa de proximité, détaille l’enseignant. L’an dernier, avec APB, ce type de candidats libérait automatiquement leur place puisqu’ils nous classaient en dessous du voeu où ils étaient pris. Ce ne sera plus le cas avec Parcoursup ». En clair, si la prépa suit cette option, elle devra attendre que les 40 candidats signifient qu’ils sont pris ailleurs, puis elle répondra « oui » aux 40 candidats suivants sur liste d’attente et ainsi de suite. Il faudra donc de nombreuses semaines à la prépa pour remplir ses 40 places.

L’autre option de la prépa est de se baser sur son historique APB pour anticiper le nombre de candidats qui répondront favorablement. Si l’an dernier les 40 admis étaient classés, dans sa liste, du rang 100 à 250, plutôt que de dire « oui » à 40 candidats, la prépa peut procéder à un overbooking et dire « oui » à 250 candidats. Ainsi, elle est certaine de remplir ses 40 places. Comme l’an dernier, ceux avec un meilleur dossier iront ailleurs et les autres rejoindront la prépa. Mais cette option est un véritable coup de poker. « Avec cet overbooking, nous sommes sûrs de remplir plus rapidement nos 40 places, mais nous prenons le risque que trop de candidats acceptent la proposition », s’inquiète l’enseignant. Un peu comme les compagnies aériennes vendant plus de places en pariant sur des défections de dernière minute, ces formations parient sur la non-venue de centaines de candidats.

Cette solution d’overbooking est un véritable palliatif à la disparition de l’algorithme d’affectation. Mais comment sera-t-elle mise en place concrètement ? Dans une note interne, le Ministère détaille le fonctionnement pour les établissements d’enseignement supérieur. Cet overbooking est appelé « rang du dernier candidat à appeler ». Et le Ministère de préciser : « Le chef d’établissement peut décider de gérer son appel de candidats sur la base d’un rang d’appel qui excède le nombre de candidats à appeler ; il devra définir le rang du dernier candidat à appeler. Ce système garantit ainsi aux formations l’appel d’un nombre important de candidats en début de processus. Une formation, qui a des capacités d’accueil de 100 places, et dont le nombre de candidats à appeler a été défini à 115, peut, au regard du rang du dernier appelé des campagnes précédentes, fixer le rang du dernier appelé à 600 ; ce qui veut dire que le 22 mai 600 candidats recevront une proposition ». Que se passera-t-il si plus de 115 candidats sur les 600 appelés acceptent la proposition. Mystère…

Une application à géométrie variable de l’overbooking

Pour résumer, l’overbooking consiste à dire « oui » à beaucoup plus de candidats que de places disponibles dans la formation en espérant que tous ne viennent pas. Pour Pierre Mauborgne, enseignant en classe préparatoire TSI et membre du conseil de l’UPSTI, ce système est bien trop dangereux. « Si l’on a une capacité de 50 places, que l’on dit « oui » à 200 élèves et que 150 candidats acceptent notre proposition, comment fera-t-on ? On ne peut pas jouer avec l’orientation des étudiants ». Ce dernier déplore l’application à géométrie variable des différentes mesures. « Toutes les formations n’utiliseront pas les mêmes règles de départ et cela risque de créer des déséquilibres dans le recrutement des élèves », précise-t-il.

Par exemple, pour Alexis Rassel, enseignant à l’IUT Lumière de Lyon, « il n’y aura pas besoin d’overbooking tant nos processus de recrutement sont rôdés ». Tandis que dans un BTS commerce international de la même ville, dans l’établissement Made iN Sainte-Marie, Dominique Le Meur, sa directrice, adoptera l’overbooking. « Il nous reste encore à décider de combien nous allons augmenter nos capacités d’appel. Nous n’ouvrirons pas de nouvelle classe mais souhaitons atteindre notre capacité d’accueil  ».

Pour Mickaël Prost, président de l’union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, l’overbooking peut être un bon outil selon les situations des établissements. « Certaines formations qui sont habituées à descendre bas dans leur classement pourront pratiquer l’overbooking, explique-t-il, d’autres seront plus prudentes. C’est à chaque fois la responsabilité du chef d’établissement qui est engagée ». Mais pour que cet overbooking soit efficace, il plaide pour une concertation entre les différentes formations d’une même académie. « Il faut qu’il y ait une coordination entre les différents acteurs du supérieur pour éviter des stratégies antagonistes entre les établissements », poursuit-il.

Toujours est-il que cet overbooking va devenir un enjeu crucial pour toutes les formations dans les prochains jours. Il pourrait, d’ailleurs, être la clef pour éviter les listes d’attente à rallonge le 22 mai sur Parcoursup que j’évoquais il y a quelques mois sur mon blog. Mais il n’en reste pas moins un outil à double tranchant…

Guillaume Ouattara
Blogueur-invité Le Monde Campus

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Comment améliorer son niveau d’anglais avant un départ à l’étranger ?

Photo by NEC Corporation of America with Creative Commons license.

« Bilingue or not bilingue ? » Telle est la question que se posent de nombreux étudiants qui se préparent à partir dans une université anglophone en septembre prochain. Que l’on aille en Angleterre, aux États-Unis ou encore en Finlande, mieux vaut bien maîtriser la langue de Shakespeare pour ne pas se retrouver perdu. Mais comment améliorer facilement son niveau d’anglais avant de partir ?

Il y a 2 ans, je me trouvais dans la même situation. Sélectionné pour étudier 6 mois aux USA, j’avais un niveau d’anglais… douteux. Je vous propose quelques conseils qui m’ont été bien utiles pour ne pas me retrouver largué le jour de la rentrée.

1. Suivez des cours d’anglais

Et oui… Pas de secret. Pour améliorer son niveau d’anglais, rien ne vaut de longues heures de cours pour revoir les bases de grammaire, de vocabulaire et de conjugaison. Dans beaucoup d’écoles après quelques semestres les cours de langues deviennent optionnels. Ne tentez pas d’y échapper, ils sont primordiaux pour améliorer votre niveau d’anglais. En prévision de mon départ, j’ai suivi près d’un an et demi de cours à l’UTC, école d’ingé où j’étudie. Les exercices peuvent paraître redondants (accorder au bon temps, traduire des pages entières de phrases), mais ils permettent d’acquérir des automatismes précieux pour ne pas faire les erreurs de débutants. Et surtout, les contenus sont adaptés à la filière dans laquelle vous étudiez.

2. Regardez des films et des séries en VOSTVO

Ne nous leurrons pas : les cours à eux-mêmes ne suffiront pas à faire de vous de parfaits bilingues. Il va falloir que vous vous activiez de votre côté. Et l’une des meilleures manières d’améliorer son oreille, c’est de regarder des séries en anglais avec des sous-titres anglais. Avant de partir, je consacrais des week-ends entiers à visionner tout et n’importe quoi, pourvu qu’il y ait de l’anglais dedans. Outre la compréhension orale, cette méthode vous permet de développer votre vocabulaire. Si vous détectez un mot nouveau, n’hésitez pas à mettre votre série préférée sur pause pour découvrir sa traduction.

Si tous les films et toutes les séries vous aideront à améliorer votre niveau, privilégiez ceux se déroulant sur des campus, pour développer du vocabulaire spécifique. « Awkard » ou « how to get away with murder » sont des valeurs sûres pour acquérir du vocabulaire léger. Bref, c’est le moment de faire chauffer le compte Netflix du fils du cousin de la meilleure amie de votre voisine.

3. Mettez vos réseaux sociaux préférés en anglais

D’après le chercheur que je suis (ou pas), nous passons tous beaucoup, beaucoup trop de temps sur les réseaux sociaux. Alors un bon moyen de moins culpabiliser quand vous glandouillez sur Facebook, c’est de passer tous vos réseaux sociaux en anglais. Ainsi, l’interface et les notifications de vos réseaux sociaux seront « all in English ». L’avantage de cette méthode ? Vous placer dans un bain linguistique quotidien. Les progrès ne seront pas fulgurants mais l’avantage est de vous entraîner à lire constamment du contenu en anglais.
Vous pouvez, bien évidemment, ajouter à ce conseil la lecture quotidienne de la presse anglophone. Mais bon, encore faut-il trouver le temps.

4. Écoutez de la musique en anglais… avec les paroles !

C’est un conseil que l’on donne souvent car il est diablement efficace. Recherchez les paroles de vos chansons préférées et réécoutez-les en les gardant sous les yeux. De la sorte, votre cerveau associera des prononciations avec des mots.

Pour la petite anecdote, je n’ai jamais beaucoup cru à cette méthode, et je n’avais pas le sentiment d’arriver à toujours bien comprendre les paroles de chanson. Mais c’est une fois arrivé aux États-Unis que j’ai compris toute la force de cette méthode. Dans l’autobus m’emmenant sur le campus de ma fac américaine, à moitié assoupi, j’ai commencé à écouter la chanson qui passait dans l’autoradio de la conductrice et je me suis rendu compte… que je comprenais tout ! Je ne sais si c’est le fait de me dire que j’étais enfin arrivé et que j’allais devoir me débrouiller, mais depuis ce jour plus aucune subtilité ne m’échappe dans les chansons en anglais.

5. Sur place, osez parler !

Tous les conseils précédents vous permettront de ne pas être trop largués au moment d’arriver sur votre nouveau campus anglophone. Mais vous ne serez pas des experts pour autant. Pour véritablement améliorer son niveau d’anglais, le mieux c’est de vous lancer. Ne soyez pas timide. Parlez le plus possible, faites des fautes et surtout écoutez. En quelques jours seulement votre vocabulaire, votre prononciation et votre accent s’amélioreront de manière exponentielle.

L’une de mes motivations principales au moment de partir étudier aux États-Unis c’est que je ne parlais pas aussi fluidement le français que l’anglais. J’avais une sorte de blocage psychologique au moment de changer de langue qui faisait que mes phrases n’étaient pas naturelles, trop travaillées. En pratiquant l’anglais au quotidien, on ne peut plus se poser de question ; on est obligé de se lancer.

Un an après mon retour en France, mon niveau d’anglais est loin d’être parfait, et mon accent français est toujours bien présent. Mais j’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé : ne plus avoir d’hésitation au moment de parler en anglais.

Pour aller plus loin, je vous propose de découvrir quelques articles de mon séjour aux USA :
> Comment je suis parti étudier aux USA
> A quoi ressemblent les cours dans une fac américaine ?

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Bac 2018 : le gouvernement renonce à imposer le « mode examen » sur les calculatrices

laffy4l (CC BY 2.0)

Les élèves de terminale n’auront pas à utiliser le mode examen de leur calculatrice scientifique pendant les épreuves du bac 2018, a annoncé le Ministère de l’Education nationale ce jeudi 15 février. « De nombreuses académies ont signalé qu’un nombre significatif d’élèves ne disposait pas à ce jour d’une calculatrice conforme à cette nouvelle réglementation, explique le Ministère. Tous les candidats composeront donc dans les mêmes conditions qu’à la session 2017 et avec l’équipement de leur choix ».

Cette session du bac aurait, pourtant, dû être la première à exiger des candidats le passage en mode examen, verrouillant l’accès à la mémoire de leur calculette pour empêcher la triche. Mais de nombreux cafouillages observés ces dernières semaines lors de bacs blancs ont eu raison de cette décision. Cette décision s’appliquera pour le bac, mais également pour le BTS, DEC (diplôme d’expertise comptable), DCG (diplôme de comptabilité et gestion),  DNB (brevet), CAP, BEP, concours général des lycées et concours général des métiers pour la session 2018, qui autoriseront également les calculatrices sans mode examen.

Une circulaire pour lutter contre la triche

L’affaire avait fait grand bruit en 2015. Dans une circulaire, le Ministère de l’Education nationale rendait obligatoire, à partir de 2018, le « mode examen » sur les calculatrices scientifiques. Son rôle ? Restreindre temporairement l’accès à la mémoire et déclencher un système de diode clignotante. L’objectif semblait alors clair : empêcher les élèves d’avoir des programmes de triche (contenant toutes leurs formules de maths ou de physique).

« L’analyse du bilan des fraudes et tentatives de fraudes aux baccalauréats ces dernières années fait en effet apparaître un nombre important de fraudes liées à l’utilisation de matériels électroniques, y compris la calculatrice, peut-on lire dans un document adressé aux constructeurs de calculatrices en 2013. La ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche souhaite que l’usage des calculatrices pendant les épreuves soit compatible avec les mesures visant à réduire les fraudes et tentatives de fraudes ».

Depuis trois ans, dans tous les lycées de France, la même consigne est donnée aux élèves : investir dans des calculatrices disposant du mode examen. « Mon frère venait d’avoir son bac quand je suis entré en seconde, explique Neïl élève en terminale s à Compiègne, il m’avait donné sa vieille TI83 sans mode examen mais les profs m’ont fait comprendre qu’il fallait que j’en rachète une avec le mode examen ». Enzo, lycéen à La Rochelle, a reçu les mêmes conseils « j’ai dû acheter une calculette avec un mode examen en arrivant en seconde, raconte-t-il, mais jusqu’à présent on ne l’a jamais activé en devoir surveillé ». À l’occasion de bacs blancs, certains lycées ont voulu tester ce fameux mode examen en conditions réelles, mais plusieurs cafouillages ont été relevés.

De multiples cafouillages

Si dans son communiqué le Ministère explique que « de nombreuses académies ont signalé qu’un nombre significatif d’élèves ne disposait pas à ce jour d’une calculatrice conforme à cette nouvelle réglementation », d’autres difficultés ont été constatées.

Chez certains candidats pourtant bien équipés, le mode examen de leur calculatrice ne s’est pas déclenché. « C’est un bug que l’on observe avec plusieurs modèles, détaille Xavier Andréani, professeur de mathématiques et fondateur du site TI-Planet. Si l’élève a moins de 25% de batterie et qu’il tente d’activer le mode examen, sa calculatrice reste bloquée sur un message d’avertissement du niveau de batterie, il ne peut plus l’utiliser ». Si le cas de figure se présente le jour du bac, impossible pour le candidat de passer en mode examen, ce qui entraînerait une confiscation de sa calculatrice. Interrogée par Slate, une professeure d’un lycée lillois où la situation s’est produite indique qu’elle a été obligée de « laisser tout le monde composer malgré tout » (avec les calculatrices sans mode examen du coup) durant un bac blanc.

Autre problème : ce « mode examen » ne préserve pas des antisèches. À partir du moment où une calculatrice est passée en mode examen, tous les programmes (et antisèches) stockés en mémoire auparavant sont inaccessibles. Mais tous les programmes que l’on écrirait après le passage en mode examen restent, eux, accessibles. Conséquence : un candidat qui aurait mis le mode examen chez lui pourrait ajouter des programmes de triche et venir avec une calculette pleine à craquer.

Pour faire face à ce problème, il est indiqué que les élèves doivent activer leur mode examen une fois dans la salle. Mais cette contrainte pose problème ; les professeurs surveillant l’épreuve de maths ou de physique n’enseignent pas tous ces disciplines. Pas sûr, donc, qu’ils soient au fait des subtilités des diodes clignotantes.

Des calculatrices bloquées

Un dernier point majeur inquiète la communauté éducative, comme les élèves : la sortie de ce « mode examen ». À chaque début d’épreuve les élèves devront avoir une calculatrice en « mode normal » qu’ils passeront en « mode examen ». Il leur faudra donc désactiver ce « mode examen » pour repasser en « mode normal » après chaque épreuve. Or, cette étape n’est pas toujours évidente. « Pour empêcher de quitter le mode examen pendant l’épreuve, les constructeurs de calculatrices obligent les élèves à utiliser une autre machine pour le désactiver, explique Xavier Andréani. Il peut s’agir d’une autre calculatrice du même modèle, d’un ordinateur voire d’un smartphone pour les modèles les plus évolués ».

Et selon le modèle de calculatrice, cette sortie du mode examen peut se transformer en une mission quasi-impossible. « Par exemple, pour sortir du mode examen de la  Lexibook GC3000FR, il faut obligatoirement utiliser une calculatrice du même modèle qui n’est, elle-même, pas en mode examen, poursuit Xavier Andréani. Cette calculatrice ne dispose pas de port USB, donc impossible de la déverrouiller avec un ordinateur ». En clair, si les candidats n’ont pas acheté cette calculatrice en deux exemplaires il leur sera tout bonnement impossible de sortir du mode examen… et donc d’utiliser leur calculatrice pour les épreuves suivantes.

Et ce même problème se retrouve sur d’autres modèles de calculatrice. En fait, pour comprendre l’origine de ce cafouillage, il faut revenir au cahier des charges qu’ont reçu les fabricants de calculatrices. En décembre 2013, près d’un an et demi avant la publication de la circulaire, le Ministère de l’Education nationale avait fait parvenir aux constructeurs un ensemble de « spécifications techniques » relatives au mode examen. Dans ce document de 5 pages, une seule ligne évoque la sortie de ce mode examen  : « Le « mode examen » doit donc être actif en permanence et ne pouvoir être désactivé que par une connexion extérieure ». C’est le flou autour de cette notion de « connexion extérieure » qui rend obligatoire la possession de deux calculatrices du même modèle pour certaines marques.

Un business très lucratif

LordFerguson (CC BY-SA 2.0)

À quatre mois à peine du baccalauréat, le Ministère devait trancher au plus vite. Maintenir la circulaire, au risque de se retrouver avec des ruptures d’égalité entre les candidats (certains disposant potentiellement d’antiséches lors de l’épreuve, d’autres privés de toute calculatrice), ou renoncer temporairement à cette obligation du « mode examen ». C’est le second choix qui l’emporte. Pas sûr qu’il ne fasse que des heureux. Hugo, lycéen à Douai, fulmine depuis qu’il a eu vent du projet du Ministère. « Je redouble ma terminale cette année et j’ai acheté exprès ce week-end une nouvelle calculatrice avec le mode examen, lâche-t-il. J’ai dépensé 70€ pour rien ».

Il faut dire que depuis l’annonce de cette circulaire, les fabricants de calculatrices se frottent les mains. Durant longtemps, les vieux modèles se transmettaient dans les familles où se revendaient pour quelques poignées d’euros sur internet. Mais ils ne disposaient pas du mode examen. C’est donc tout un parc de calculatrices scientifiques qui a dû être renouvelé. « Depuis trois ans, on peut considérer que tous les élèves ont dû acheter une calculatrice neuve », détaille Xavier Andréani. Avec 500 000 élèves en série générale et technologique, ce sont pas moins de 1,5 million de calculatrices qui ont été rachetées. « Une calculatrice de moyenne gamme coûte environ 70€ », poursuit l’enseignant. Cette circulaire aurait rapporté, au bas mot, quelques 105 millions d’euros aux constructeurs. Un business très lucratif.

Si les bacheliers 2018 ne seront pas concernés par ce « mode examen », qu’en sera-t-il pour ceux de la session 2019 ? Officiellement, la circulaire restera en vigueur pour eux. Mais il est bien difficile de savoir comment les couacs rencontrés cette année pourront être résolus. Et au-delà de ces problèmes techniques, ce mode examen est-il vraiment si utile ? « Il n’y a rien de mal à stocker quelques formules pour être rassuré le jour des épreuves », glisse Fabien, lycéen à Compiègne. « Les programmes de triche peuvent même être vecteurs d’égalité entre les candidats, analyse Xavier Andréani. Ceux qui achètent les modèles les plus chers ont énormément de fonctionnalités « par défaut » qui restent accessibles même en mode examen, alors que ceux avec des calculatrices bas de gamme ne les ont pas. Sans le mode examen, tout le monde peut avoir les mêmes fonctionnalités en installant des programmes supplémentaires ». Les programmes de calculatrice, outils de lutte contre les inégalités sociales ? Toujours est-il que l’équation que le Ministère devra résoudre l’an prochain est loin d’être évidente…

Guillaume Ouattara, blogueur-invité Le Monde Campus